L’Ambassadeur de Palestine en visite à Grenoble

Mar 7, 2011 | 3e circonscription, Actualités | 0 commentaires

Jeudi dernier, j’ai reçu son Excellence Hael Al-Fahoum, Ambassadeur et chef de la mission de Palestine en France à l’occasion d’une visite officielle à Grenoble et dans le département.

En compagnie de Bernard Soulage, conseiller régional, Jean-Michel Detroyat, conseiller municipal en charge de la coopération décentralisée et Xavier Barès, Directeur des Relations internationales de la Ville, nous avons eu une rencontre dans mon bureau suivie d’un déjeuner en présence de Edwige Elkaim, Présidente du CRIF, Marc Baïetto, Président de Grenoble Alpes Métropole et Jean Vaylet, Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Grenoble.

Je vous invite à lire les points clés de mon intervention à cette occasion.

Son Excellence Hael AL-FAHOUM,

Madame la Présidente (Edwige ELKAIM),

Messieurs les Présidents (Marc BAIETTO et Jean VAYLET),

Mesdames et Messieurs les Consuls,

Mesdames et Messieurs les Elus,

Mesdames et Messieurs,

C’est pour la municipalité de Grenoble un honneur et une joie d’accueillir Monsieur Hael AL-FAHOUM, Ambassadeur et Chef de la Mission de Palestine en France, représentant dans notre pays du président Mahmoud ABBAS et du peuple palestinien.

Sa venue perpétue une tradition d’accueil des représentants de l’Autorité Palestinienne: Madame Leïla SHAHID, Déléguée Générale de la Palestine en France, était venue en 2005. Madame Hind KHOURY était venue en 2006, 2008 et 2009.

Hael AL-FAHOUM incarne une cause nationale qui rencontre notre sympathie tout simplement parce qu’elle est juste. Sa venue à Grenoble n’est pas un hasard.

Grenoble est une ville très attachée aux Droits de l’Homme, où toutes les communautés vivent en bonne intelligence.

Grenoble est une ville qui incarne de longue date l’idée de liberté. C’est ici, le 14 juin 1788 – la fameuse journée des Tuiles – que la grande Révolution française est née lorsque le peuple grenoblois se souleva contre l’absolutisme royal.

C’est ici, encore, que la Résistance française s’incarna dans une ville luttant contre l’Occupation, des lendemains de l’armistice à sa libération à l’été 1944. Proclamée capitale des maquis par Radio-Londres, Grenoble fut ainsi faite Ville Compagnon de la Libération par le Chef de la France Libre,  le Général de Gaulle.

Ces combattants des maquis environnant notre cité nous valurent d’être appelée « la Petite Russie » par les Allemands, tandis que le secours apporté à 30 000 Juifs persécutés nous faisait aussi appeler « la Petite Palestine ».

Et ce sera toujours ici que les femmes et les hommes du monde entier luttant pour la liberté rencontreront notre solidarité. Ce sera toujours ici que nous nous battrons de toutes nos forces contre le racisme, contre l’antisémitisme, contre toutes les formes d’intolérance et contre l’injustice infligée aux peuples privés du droit de disposer d’eux-mêmes.

 

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L’Ambassadeur AL-FAHOUM représente un peuple privé d’Etat. Depuis plus de 60 ans, le peuple palestinien attend d’avoir son Etat.

Le grand poète palestinien Mahmoud DARWICH dit que cette attente est le mal incurable des Palestiniens.

Un autre écrivain, israélien celui-ci – Amos OZ –, a raison de répéter inlassablement à tous ses compatriotes : « La Palestine est la patrie, et la seule patrie, du peuple palestinien ».

Les accords d’Oslo entre Israël et l’OLP avaient fait naître un formidable espoir de voir la paix se réaliser au Proche-Orient pour assurer la coexistence pacifique des ces deux Etats se reconnaissant l’un l’autre. Les rencontres, les sommets n’ont pas permis d’aboutir à la signature d’une paix définitive.

Alors que les deux peuples n’avaient jamais été aussi prêts de conclure cette paix, les voici aujourd’hui séparés par un mur, un mur physique et peut-être plus encore un mur de préjugés et de ressentiments.

Sans doute beaucoup trop de malentendus et d’incompréhension étaient-ils à lever pour aboutir à la paix des cœurs. Sans doute aussi l’assassinat d’Itzhak RABIN par un fanatique a-t-il lourdement pesé dans ce tragique échec.

 

Alors qu’Israël a besoin des Palestiniens pour s’intégrer au Proche-Orient et alors que les Palestiniens ont besoin d’Israël pour obtenir l’indépendance qui avait été refusée en 1948 par l’Egypte et par la Jordanie, les deux peuples se déchirent.

Les images de ce conflit sont quotidiennes. Deux peuples souffrent, même si nous ne pouvons pas bien sûr confondre les situations, qui sont si différentes.

Les Palestiniens ont à peine une terre difficilement viable dans ses contours actuels et en l’absence de continuité. Pourtant, le peuple palestinien affirme aujourd’hui encore, dans sa grande majorité, sa foi en une solution politique du conflit, la seule solution qui permettra à tous les peuples de vivre en paix sur cette terre.

Il serait alors lâche de détourner nos regards d’eux. Le Proche-Orient a besoin d’une intervention forte de la communauté internationale et de l’Europe. Le Proche-Orient a besoin de notre solidarité concrète contre la fatalité et contre une culture de mort qui s’installe dans une terre qui symbolisa pourtant plus qu’aucune autre l’idée de la paix et de l’amour.

Car c’est au Proche-Orient que les peuples ont donné à l’humanité ce qu’il y a de plus beau dans les religions du Livre, de plus important dans le savoir. Au Proche-Orient, toutes les prières parlent de justice et de paix.

Amie des Palestiniens, la France dit que la situation que le peuple palestinien subit n’est pas acceptable.

Amie des Israéliens, la France dit que l’Etat d’Israël à légitimement le droit à sa sécurité, comme tout autre état. L’acceptation de l’existence et de la sécurité d’Israël est en effet la première des conditions de la paix. La meilleure garantie de sécurité pour Israël c’est l’existence à ses côtés d’un Etat palestinien démocratique, viable et souverain; c’est d’avoir à ses côtés des peuples libres et sans frustrations.

Si nous n’en sommes pas encore à accomplir la prophétie biblique de transformer les épées en socs de charrue, le climat au Proche-Orient est aujourd’hui à la détente. Après tant de défiance, et tant de haine aussi, les deux peuples ont appris qu’ils leur fallait vivre ensemble, et qu’on ne peux vivre ensemble dans l’humiliation de l’un et l’insécurité de l’autre, et surtout pas dans l’injustice.

Des accords d’Oslo en passant par l’accord Beilin-Abbas conclu trois jours avant la mort d’Itzhak RABIN, les grandes lignes de la future paix sont connues, les grands principes sont posés.

La Palestine sait pouvoir compter sur le soutien de la France et nos amis palestiniens savent pouvoir compter sur l’amitié et sur l’aide de Grenoble.

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Il y a les événements de Tunisie, d’Egypte, de Lybie, de Bahreïn et du Yémen qui ont sans doute une dimension historique.

Les manifestants de Tunisie ou d’Egypte n’ont pas manifesté contre l’Occident, les Etats-Unis ou Israël.

Ils n’ont pas prôné un retour vers le passé d’un âge d’or islamique. Ils ont manifesté contre les régimes autoritaires, contre la dictature et l’absence de libertés.

Le peuple tunisien et le peuple égyptien ont agi avec un courage qui les a surpris eux-mêmes et ont affirmé avec force qu’ils voulaient vivre autrement.

Ce début d’un Printemps des Peuples est positif parce qu’il est authentique. C’est donc notre devoir se soutenir ces mouvements.

Des bouleversements ont également eu lieu dans les territoires palestiniens ces dernières semaines. Le premier ministre palestinien, Salam FAYYAD, a présenté sa démission au président Mahmoud ABBAS. Mais celui-ci l’a reconduit dans ses fonctions pour former un nouveau gouvernement et concentrer toutes les énergies « en vue de l’établissement de l’État indépendant de Palestine en septembre prochain».

La direction palestinienne a par ailleurs annoncé en février des élections générales d’ici à septembre, après le scrutin municipal prévu pour le 9 juillet 2011.
La communauté internationale, tout comme la Ville de Grenoble, restent attentives aux dernières évolutions, en espérant que ces élections conduisent à un apaisement durable de la situation.

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Notre soutien et notre solidarité s’expriment dans notre politique de coopération décentralisée avec le district de Bethléem.

Dès 1996, la municipalité de Grenoble a signé une convention de coopération avec le district de Bethléem, pour développer des actions communes dans le domaine de la santé, des échanges internationaux, de la formation professionnelle et de la culture.

La Ville de Grenoble adhère également au Réseau de Coopération Décentralisée avec la Palestine de Cités-Unies France, pour contribuer ainsi à apporter une aide à l’ensemble des Palestiniens.

Plusieurs déplacements de délégation officielle ont été organisés ces dernières années, en Palestine mais aussi en Israël, à Rehovot.

Il était essentiel pour la municipalité de Grenoble de coopérer à la fois avec la Palestine et avec Israël.

La présence à la même table ce soir, pour une rencontre, de Hael AL-FAHOUM et du CRIF Grenoble-Isère, montre d’ailleurs une fois de plus que les ponts valent mieux que les murs.

D’autres ponts sont aussi ceux établis entre la jeunesse grenobloise et la jeunesse palestinienne, avec notamment l’invitation à Grenoble de jeunes palestiniens lors de la Biennale de l’International / Jam sans frontières, ou encore l’accueil de deux étudiants palestiniens venus à Grenoble poursuivre leurs études supérieures, Mademoiselle Salma DODIN et Monsieur Issa LAMA.

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Nous avons conscience que ni ces actions concrètes ni notre sympathie ne suffiront à résoudre les problèmes du peuple palestinien.

Chacune de ces actions est pourtant pour les Palestiniens une avancée vers la lumière car la solidarité internationale est toujours un motif d’espérance.

Un déplacement en Palestine d’une délégation commune Ville de Grenoble / Région Rhône-Alpes / Conseil Général de l’Isère / Metro est prévu pour la fin d’année 2011, probablement en décembre. Ce déplacement est très important, il permettra à chacune des collectivités engagée dans une coopération avec Bethléem de rencontrer sur le terrain les acteurs concernés.