Alors que la session parlementaire vient de s’achever, la Commission des Affaires étrangères au sein de laquelle je siège auditionnait dernièrement M. Pierre Vimont, Secrétaire général exécutif du service européen pour l’action extérieure de l’Union Européenne (SEAE).
Objet de nombreuses critiques lors de sa création, le SEAE a la lourde responsabilité de mettre en place une administration dédiée à la politique étrangère de l’Union européenne, dans un contexte où les événements s’accélèrent à un rythme sans précédent sur le plan diplomatique.
Pour ma part, j’ai souhaité interroger M. Vimont sur le périmètre d’intervention du SEAE et plus précisément sur trois sujets qui méritent à mon sens une attention particulière : la complémentarité du SEAE et de l’OTAN, la relation entre l’Union européenne et la Russie, et enfin la question de la coopération décentralisée.
La création d’un poste de Ministre européen des Affaires étrangères avait été vivement rejetée lors des négociations du traité de Lisbonne, plusieurs États arguant qu’un tel dispositif risquait d’empiéter sur un domaine traditionnellement réservé aux chancelleries d’Etats. C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité avoir des précisions sur les interactions entre le SEAE et l’OTAN, alors que des avancées étaient attendues pour la politique européenne de défense commune. Sur ce sujet, M. Vimont a rappelé qu’un travail considérable est mené avec l’OTAN, dans un contexte dominé par les relations délicates entre Chypre et la Turquie. Il nous a également précisé que Mme Ashton, Haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, rencontre de manière régulière M. Rasmussen, secrétaire général de l’OTAN, pour aborder des dossiers très concrets comme l’intervention en Libye. L’Europe de la défense est, pour sa part, dans une phase de réflexion en vue de lui donner un nouvel élan. M.Vimont a tenu à nous préciser que le SEAE rédige actuellement des rapports sur des thèmes tels que la planification et le commandement opérationnel, la mise en commun des équipements militaires et des capacités industrielles. Il souligne toutefois que le contexte est difficile en raison des contraintes budgétaires qui pèsent sur de nombreux états de l’UE et qui freinent des avancées concrètes pour une défense européenne commune.
J’ai également interrogé M.Vimont sur les relations bilatérales entre l’UE et la Russie, notamment pour ce qui concerne la libre circulation autour de l’enclave russe de Kalingrad. La question du désenclavement de Kalingrad, territoire enfermé entre la Pologne et la Lituanie, demeure complexe pour la diplomatie européenne. Alors que la Pologne plaide pour un plus grande liberté de circulation des habitants de l’enclave sur son territoire, la Lituanie, farouchement opposée à un tel projet, défend le maintien de conditions restrictives de circulation. Sur ce sujet, le secrétaire général exécutif du SEAE a tenu à rappeler que le SEAE entend assurer la cohérence de nos relations avec la Russie et définir les priorités de nos actions, notamment dans la perspective des sommets UE/Russie.
Enfin, j’ai demandé au secrétaire général exécutif de nous préciser si la coopération décentralisée, c’est-à-dire l’activité internationale des collectivités territoriales était prise en compte par les services du SEAE. Sur ce point, M.Vimont semble partager le point de vue que je défends de longue date, à savoir que la coopération décentralisée peut apporter une contribution très utile en matière d’assistance technique. Il a d’ailleurs tenu à préciser que ses services étaient régulièrement en contact avec des collectivités territoriales qui agissent dans ce domaine.