Ce mercredi 22 septembre, s’est tenue à Paris, la 10ème conférence des Villes organisée par l’Association des Maires de Grandes Villes de France que je préside.
Cette journée de travail avec les maires des grandes villes, les élus et leurs collaborateurs a été un grand succès tant sur le fond que sur la forme. En effet, près de 1300 personnes étaient présentes dans les salons de l’hôtel de Ville pour assister aux débats, un score jusque là jamais atteint.
Mais au-delà de la fréquentation, qui montre bien que la question du vivre ensemble est au cœur des préoccupations des responsables des grandes villes de France, les échanges ont été d’une grande richesse et je tiens à remercier tous ceux qui ont répondu favorablement à cette invitation et sont venus exposer les politiques publiques qu’ils mettent en place, faire part de leurs inquiétudes et proposer de nouvelles pistes pour faire une ville plus juste et plus solidaire.
Après le mot d’accueil d’Annie Hidalgo, première adjointe au Maire de Paris, Jean-Paul Delevoye a brillamment ouvert cette journée en posant un diagnostic, inquiétant mais cependant exact, du corps social français. Il a souligné la montée de la défiance entre les citoyens, les institutions et leurs représentants, un effacement des comportements citoyens au bénéfice d’une attitude de consommation des politiques et des services publics et a démontré que l’offre politique était parfois en décalage avec les attentes de la société.
La tendance actuelle à la moralisation et à la culpabilisation des comportements perçus comme déviants ne fait que renforcer la mésestime d’eux-mêmes des populations fragiles et par conséquent la mésestime des autres. Pour briser ce cercle vicieux, il est du devoir des responsables publics de ré enchanter la politique, de créer les moyens de la confiance et de l’entraide, de soutenir les individus et de retrouver le sens de l’engagement.
Pour y parvenir, les débats de la journée ont portés sur les politiques qui sont au cœur des actions des villes: les finances publiques, les jeunes, la sécurité, la politique de la ville, le logement, la mobilité, la culture.
Tous ces échanges ont montré que le vivre ensemble n’était possible que si l’on appréhende l’action publique dans son ensemble en prenant en compte tous les aspects: on ne peut agir sur la sécurité sans s’attaquer à l’emploi des jeunes, l’accès à l’autonomie est aussi lié à l’accès à la culture, etc.
Il a été aussi maintes fois souligné que le désengagement de l’Etat, le manque de continuité de l’action de l’Etat et cette tendance fâcheuse à passer d’un dispositif à un autre, la transformation des ressources fiscales des collectivités en dotations ne pouvaient qu’obérer l’efficacité des politiques menées localement. La lutte contre la crise économique et sociale que connaît notre pays ne peut passer que par un pacte républicain entre les collectivités et l’Etat, un accord de principe sur le partage des responsabilités et des moyens d’actions.
C’est pourquoi à l’issue de cette journée nous avons présenté un Manifeste des Maires des grandes villes de France qui récapitule nos priorités pour rétablir la cohésion sociale et urbaine. Pour assurer la sécurité, pilier essentiel de la cohésion sociale, il faut une réponse globale et il est nécessaire de concevoir un nouvel humanisme centré sur la ville durable et solidaire.
Parmi toutes nos attentes je voudrais vous faire part de deux aspects qui me semblent incontournables pour nous donner les moyens de nos ambitions:
– la tenue d’une rencontre nationale qui réunira l’ensemble des acteurs car seule une action coordonnée à l’échelle nationale et locale permettra de mettre en œuvre des solutions durables pour lutter contre la délinquance.
– Faire de la politique de la ville une priorité nationale avec un ANRU 2.
Jean-Louis Borloo, Ministre d’Etat, ministre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer, en charge des Technologies vertes et des Négociations sur le climat, a conclu cette journée. Sa collègue, Fadela Amara, Secrétaire d’Etat chargée de la Politique de la ville était intervenue en fin de matinée pour rappeler sa volonté de se battre afin de faire en sorte que la politique de la ville soit une priorité du gouvernement. Jean-Louis Borloo, a qui le Manifeste des Maires a été présenté, a souligné la justesse des analyses et des propos tenus et a considéré que la vision proposée par le texte est une exigence commune. Il a rappelé que la ville est devenue un fait majeur du 21ème siècle et que les maires sont les animateurs des mutations territoriales, sociales et urbaines. Il a ainsi souligné l’importance d’avoir une vision politique à long terme, d’assurer la continuité et a précisé que sur certains sujets un pacte républicain est possible.
