Impossible pour moi de tourner la page sur ces longues années consacrées à mon mandat de maire de Grenoble sans rendre hommage à Gilles du Chaffaut, directeur général des services de la Ville de juin 2008 au début du mois d’avril 2014, date à laquelle il a pris sa retraite.
Un hommage au grand professionnel qu’il a été, bien sûr. Un professionnel qui a entièrement dédié sa carrière au service public – par tradition familiale sans doute un peu et par goût personnel, certainement. Un professionnel animé par une passion constante pour le bien commun depuis ses débuts comme chargé d’études à la direction départementale de l’équipement de la Martinique et à l’agence d’urbanisme d’Antilles-Guyane au début des années 1970.
Avant de répondre à mon invitation en 2008, il aura connu la ville de Paris, la ville de Gaillon dans l’Eure, la ville de Chartres en Eure et Loir, le département du Pas-de-Calais, le Territoire de Belfort, le département de l’Essonne, le département de l’Isère… Il aura marqué tous ces emplois de son empreinte, accompagnant et nourrissant la métamorphose des collectivités locales au fil des années. Ainsi, il a fait partie de ces territoriaux pionniers de la décentralisation, élaboré un des premiers plans de formation du personnel en France, créé une des premières cuisines centrales en liaison froide, organisé l’action sociale des services sociaux et médico-sociaux d’un grand département après la décentralisation, mené la négociation pour le passage aux 35 heures dans deux départements, entrepris la territorialisation des services sociaux en Isère, mis en œuvre le passage des agents TOS des collèges au Conseil Général de l’Isère… Cette expérience a été extrêmement précieuse à Grenoble à qui il a consacré les dernières années de sa vie professionnelle et où il a (entre autres !) relancé avec intelligence et ténacité le projet d’administration.
Cet hommage, nous le devons aussi au militant qu’il n’a jamais cessé d’être au cœur de ses missions au nom de la haute idée qu’il a de l’État, de la « Res Publica » et de la démocratie. Cela ne se sait pas forcément mais il s’est fortement impliqué dans les différents réseaux professionnels qu’il a fréquentés (secrétaires généraux, administrateur territoriaux, directeurs généraux), dans les réseaux de formation : INET (Institut National des Etudes Territoriales) et formation continue des dirigeants territoriaux, en particulier, et dans les réseaux d’experts. Ces engagements participent de cette humanité que tous ceux qui l’ont bien connu auront tellement appréciée à son contact, y puisant confiance et envie de servir à leur tour.
Ces années partagées auront été une grande chance pour moi. La chance de pouvoir compter pour les Grenoblois et pour les agents du service public sur un directeur général de très haut niveau comme je viens de le rappeler.
Mais aussi la chance de faire une belle rencontre. Celle d’un homme de caractère, d’un homme droit, d’un esprit ouvert, cultivé, généreux. D’un homme courageux aussi, que la maladie n’a détourné ni de sa gourmandise, ni de son épicurisme, ni de son humour. Une belle rencontre avec un amoureux de la vie, de la montagne et des autres.
