Jean-Marie Colombani, invité d’Inventer à gauche

Fév 25, 2010 | Actualités | 0 commentaires

ImprimerDans le cadre d’Inventer à Gauche, cercle de réflexion politique que je préside, nous organisons de manière régulière des dîners-débats mensuels auxquels nous convions un invité-journaliste autour d’une thématique choisie et avec lequel nous échangeons sous forme de questions/réponses.

Mardi soir, le thème évoqué était la relation entre la politique et les média sous forme d’une question : « Politique et média : quel avenir ? »

A cette occasion, Jean-Marie Colombani, journaliste, cofondateur du magazine d’information Slate.fr et ancien rédacteur en chef du journal Le Monde (1994-2007) était notre invité et nous a fait part de son analyse.

Jean Marie Colombani a introduit son propos en faisant le constat suivant :
La presse et les médias fonctionnent par emballements successifs. Ils sont en outre très prévisibles et ont un fonctionnement de type « pavlovien » qui participe à ce que l’on pourrait appeler une « perte d’influence ».

En effet, d’une manière générale, la presse écrite « s’aligne » sur la télévision et ne fait donc que suivre et/ou refléter les mouvements d’opinion perdant ainsi peu à peu son rôle de créateur d’opinion. Les médias dits « traditionnels » sont donc devenus un amplificateur permanent et spontané de l’opinion publique. Dans ce contexte, l’opinion se forme ailleurs et autrement. Résultat, notamment s’agissant de problématiques politiques, ce n’est plus la presse qui fait l’élection.
Par ailleurs, la presse française vit actuellement largement grâce aux subventions publiques. En effet, près de 30 % des recettes de certains quotidiens dépendent de ces aides publiques qui s’expriment sous diverses formes (aide au portage, aide à La Poste, à la distribution, achats d’espaces publicitaires…).
Jean-Marie Colombani analyse que la « rupture » pour les média provient de la révolution Internet et se situe à deux niveaux. Tout d’abord avec l’arrivée de la « gratuité », Internet rend obsolète le modèle de développement industriel tel qu’il a été créé à la fin du 19ème siècle. Ensuite, le monopole relatif à l’information n’existe plus. En effet, Internet par le biais des sites, blogs et autres réseaux communautaires a rendu l’information, matière première du journalisme, totalement disponible et accessible au tout venant. Or, les journalistes avaient construit leur légitimité et leur pouvoir en exploitant une rente de situation qui tend aujourd’hui à disparaître.

D’autres sujets d’actualités tels que le sentiment d’injustice sociale et la méritocratie républicaine, le rôle de pédagogie des responsables politiques, l’Europe, la crise grecque et les questions d’immigration ont été abordés. Ces questions peuvent largement faire écho au projet que le Parti socialiste devra développer dans la perspective de l’élection présidentielle de 2012. Nous aurons l’occasion d’y revenir lors de billets à venir.