Mes années au service des Grenoblois (3) : la culture de tous pour tous

Nov 9, 2013 | 1995-2014, Actualités | 0 commentaires

Dans moins de cinq mois aura lieu le renouvellement des conseils municipaux. Un moment important où la population portera une appréciation sur l’action de la municipalité sortante et sur le projet proposé pour le mandat à venir. Maire de Grenoble depuis 18 ans, il me parait utile et démocratique de revenir sur ce parcours municipal qui s’interrompra pour moi en mars prochain, ayant décidé de passer le relais à une équipe renouvelée, conduite par mon 1er adjoint Jérôme Safar. Je reviens donc, par une série de tableaux que je souhaite vivants et personnels, sur une activité qui marquera sans nul doute un moment exceptionnel de ma vie.

En compagnie de Marc Minkowski et Pascal Lamy, respectivement fondateur et Président des Musiciens du Louvre-Grenoble à la MC2:

Le fait urbain s’impose aujourd’hui comme une réalité démographique et institutionnelle. Mais on ne fait que redécouvrir, avec l’émergence des métropoles, le destin culturel, scientifique, sociétale et démocratique de l’humanité qui a toujours été porté, dans ses progrès émancipateurs, par les villes, les grandes villes. Ainsi d’Athènes, Rome, Constantinople à Paris, Londres, New York, Tokyo ou Shanghai, que de belles contributions à la légende humaine des siècles !

« L’art, c’est la plus sublime mission de l’homme puisque c’est l’exercice de la pensée qui cherche à comprendre le monde et à le faire comprendre » (Rodin).

Lors de la cérémonie de voeux aux Grenoblois 2013 avec le « Taraf de Haïdouks » et le « Ko?ani Orkestar ».

Grenoble ne pouvait rester à l’écart de cette mission d’éveil artistique de tous ses enfants, d’accompagnement au développement des sciences, des techniques, des métiers et de la société contemporaine, d’ouverture aux diversités culturelles du monde.
La culture se profile partout, par tous, pour tous, pour donner un cœur et une âme à une ville d’exception.
Éducation au goût,  approche du beau, recherche de l’émotion artistique ont souvent guidé les pas de nos devanciers.
On doit aux années Mistral l’essor de la lecture publique et l’accompagnement des acquisitions des œuvres de notre musée de peinture. Et c’est aussi en pensant à ce grand maire de Grenoble que nous avons étendu encore le réseau des bibliothèques municipales avec Kateb Yacine et Malherbe-Teisseire.
C’est dans le même esprit que nous avons poursuivi acquisitions et expositions temporaires au musée de Grenoble. En visant l’excellence et l’ouverture au plus grand nombre.
On doit aux années Dubedout l’explosion théâtrale dans le sillage de la maison de la culture. Et nous avons cherché à développer encore, dans tous les quartiers, cette politique de création artistique.
Oui, j’ai tenu à m’inscrire dans cette belle tradition.
Aujourd’hui, 53000 enfants sont accueillis chaque année au Musée de Grenoble, 20000 au Muséum, 35000 dans les bibliothèques municipales.
La diversité culturelle, l’éclosion des projets artistiques dans tous les domaines (danse, musique, théâtre, photo, cinéma, arts plastiques,…), l’animation culturelle dans tous les quartiers, le développement de l’art dans l’espace public ont éveillé les sens de tous les Grenoblois de souche ou d’adoption.

« L’art est là pour laver l’âme de la poussière du quotidien. Il s’agit de réveiller des passions, car la passion est ce dont nous avons le plus besoin, pour nous et la jeune génération. » (Picasso).

Pierre Bergé feuillette les manuscrits de Stendhal à la bibliothèque d’études.

L’Espace 600, le Pacifique, le Prunier sauvage, la Régie C, la Chaufferie, l’Amperage,  la Bifurk, le Théâtre de création, le Théâtre Premol, les espaces dédiés à Stendhal, sont venus compléter une offre déjà riche de lieux culturels plus institutionnels que sont le Théâtre municipal, la MC2, le Musée, le Muséum, le Magasin, les bibliothèques…
La rénovation du conservatoire et de l’école d’art, la création d’une salle dédiée aux musiques actuelles vont venir rehausser encore cette offre exceptionnelle par sa richesse et sa diversité.
Tout au long de ces 18 années passées, j’ai souhaité donner le meilleur à notre ville internationale, en valorisant tout ce qui peut concourir à l’universalité de notre offre culturelle. Ainsi de la culture scientifique et technique, des arts plastiques et bien sûr de la musique, langue culturelle internationale par excellence.
Du jazz aux musiques actuelles, du baroque aux musiques nomades, des petits concerts classiques dans les quartiers aux grands concerts dans le parc Paul Mistral en fin d’année scolaire, des festivals innombrables aux biennales avec les jeunes de nos villes sœurs, que de plaisirs partagés collectivement !
Je me souviens de l’intense émotion ressentie le jour de l’inauguration de la nouvelle MC2, laissant filer la délégation officielle et me retrouvant seul avec l’architecte Antoine Stinco dans cette splendide salle de concert. Je l’avais rêvée pour ma ville, je m’étais battu contre beaucoup pétris de doutes et de résignations. Quelle joie intérieure et quelle belle offrande à Grenoble !

« L’homme qui n’a pas de musique en lui et qui n’est pas ému par le concert des sons harmonieux est propre aux trahisons, aux stratagèmes… Défiez-vous d’un tel homme. Écoutons la musique »(Shakespeare).

Avec Jean-Claude Gallotta, directeur du Centre chorégraphique national de Grenoble.

Il n’y a pas d’avenir métropolitain sans grande politique culturelle. Il n’y a pas de grande politique de solidarité, y compris et peut-être surtout en période de crise, sans donner un sens à la vie, une émotion collective à nos rassemblements populaires, une éducation au beau et à la découverte des autres et du monde. C’est la noblesse du parti pris culturel de nos politiques municipales que de résister aux coupes sombres budgétaires qui font l’impasse sur les plus grandes sources d’espérance partagée, d’attractivité économique et de rayonnement très au-delà de notre territoire.