L'accès à l'eau et à l'assainissement pour tous est une des causes essentielles à laquelle nos pays, nos villes, se doivent d'apporter un soutien durable.
Sur ce terrain, les Forums mondiaux de l'eau, depuis leur création en 1997, sont l'occasion d'échanger techniques et pratiques. Institutions intergouvernementales, décideurs économiques et sociaux et acteurs de la société civile sont notamment invités à y débattre.
En tant que président de l'Association des Maires de Grandes Villes de France (AMGVF), j'ai eu l'occasion d'apporter ma contribution à la cinquième édition du Forum mondial qui vient de se tenir à Istanbul.
Les principaux enjeux actuels pour les grandes villes françaises portent sur l'extension et le renouvellement des réseaux, sur l'amélioration de l'efficacité des stations d'épuration, sur la mise en place de nouveaux captages d'eau potable et de nouveaux systèmes permettant une meilleure gestion des eaux pluviales. Les grandes villes doivent y répondre en s'engageant sur des investissements importants.
Cette expérience de gestion des services d'eau et d'assainissement est souvent intégrée dans les opérations de coopération décentralisée dans lesquelles nous nous impliquons, en partenariat avec des acteurs des pays en voie de développement.
En effet, le cadre législatif français, renforcé en 2005, permet à une collectivité de dégager une partie du budget "eau et assainissement" pour financer des actions de coopération décentralisée, d'aide d'urgence ou de solidarité.
De nombreuses grandes villes l'ont déjà mis en œuvre pour financer non seulement des infrastructures (château d'eau, puits…), mais aussi des actions de formation permettant une bonne gestion par les populations locales des systèmes mis en place.
L'AMGVF souhaite que ces initiatives se développent. Celles-ci mettent en relation des personnes qui partagent les mêmes problématiques, qu'elles soient du Nord ou du Sud, (maires, services techniques…) et dont les compétences similaires représentent un réel facteur de réussite.
Si le rôle des collectivités dans la gouvernance des services d'eau et d'assainissement est reconnu depuis longtemps en France, il n'en va pas de même partout dans le monde.
J'ai donc souhaité que ce 5e Forum mondial de l'eau soit l'occasion d'aller plus loin en la matière, en mettant l'accent sur la nécessité, pour les autorités locales qui ont la charge de ces services, de disposer du pouvoir, des compétences et des moyens, y compris financiers, indispensables pour exercer cette responsabilité.
L'eau, la vie, la résistance… Cette idée était au centre de mes échanges avec Christel Pernet, présidente de l'ONG "Les Puits du désert", et Michel Fugain, parrain de l'association, la semaine dernière en mairie de Grenoble. La Ville s'est en effet engagée, au côté de la Régie des Eaux de Grenoble, à cofinancer la construction d'un puits dans le désert nigérien.
Cette belle idée est née dans le sillage de l'expo photo sur le désert de Jean-Marc Durou au Muséum de Grenoble et s'inscrit dans notre politique de coopération décentralisée.
Elle vient dire les liens qui unissent les peuples de montagne et du désert.
Elle réaffirme aussi notre devoir de solidarité à l'égard des plus démunis d'entre nous, au moment même où la crise sociale et économique mondiale vient nous rappeler chaque jour combien notre village, aujourd'hui, est monde…
Quand beaucoup d'entre nous craignent de perdre leur emploi, d'autres risquent de perdre la vie.
Bien sûr, la Ville de Grenoble poursuit son action dans les écoles ou les dispensaires à l'égard des pays du Sud, mais rappelons que sans eau il n'y a rien de tout cela…
Pour le peuple Touareg, la construction de ces puits dans le désert est aussi une question de survie, de résistance, souligne mon ami Michel Fugain. Nous sommes fiers de porter ce projet à ses côtés.
Le 16 mai, à l'occasion de son concert à Grenoble, le Théâtre municipal s'associera à l'opération en accueillant notamment une vente d'objets artisanaux au profit de l'ONG "Les Puits du désert".
