Soutien de Martine Aubry, candidate à la primaire socialiste, Michel Destot, député-maire de Grenoble et président du conseil national du PS, était hier à ses côtés à Marseille.
Un déplacement symbolique : Claude Guéant était lui aussi dans la cité phocéenne pour installer un nouveau préfet à la sécurité, le 3 e en deux ans. Interview.
Le Dauphiné Libéré : À 41 jours de la primaire du PS, cette visite n’est-elle pas un gros coup de communication pour Martine Aubry ?
Michel Destot : « C’est la manifestation que les problèmes de sécurité sont des problèmes importants pour Martine Aubry, pour les socialistes.
Au moment où M. Guéant installait son nouveau préfet de police, il nous semblait important de rappeler que, de coup d’éclat en coup d’éclat, la politique du gouvernement depuis 2002 constitue un véritable échec en matière de sécurité.
Je suis bien placé pour dire que les préfets ne sont pas en cause. On ne leur donne pas les moyens humains et matériels de mener des politiques qui soient efficaces.
Martine Aubry voulait dire qu’elle sera la présidente de la sécurité pour tous les Français, qu’elle fera de la sécurité une des priorités de sa présidence. »
Un thème sur lequel le PS a longtemps semblé mal à l’aise…
« Il n’y a aucun malaise de notre point de vue. Je ne connais aucun maire socialiste qui ne se préoccupe pas des problèmes de tranquillité publique, de prévention de la délinquance et de sécurité. »
« Encore une fois, il n’y a aucun malaise sur ce sujet de notre point de vue. Au contraire. Nous voulons avoir un débat quasi frontal sur ces questions avec la droite, car nous considérons que, notamment, les manques d’effectifs qui affectent la police nationale et la gendarmerie ont mis à mal la sécurité.
« À Grenoble, à partir de septembre 2010 et l’arrivée de renforts, nous avons constaté une amélioration des statistiques, notamment des atteintes aux personnes physiques. Depuis le début de l’année 2011, c’est le contraire. Des départs, notamment en retraite, n’ont pas été remplacés, et malgré l’implication du préfet, les atteintes aux personnes physiques connaissent une augmentation de 17 %, les vols à main armée de 70 %. La démonstration est faite : il y a liaison entre les moyens et les résultats. »
Le PS souhaite donc renforcer la police et la gendarmerie et créer une nouvelle police de proximité ?
« Si le PS passe, la police de proximité sera en effet de retour avec la création d’une police des quartiers. Nous augmenterons aussi les effectifs de la police comme de la gendarmerie d’environ 10 000 unités. »
Une mesure chiffrée à 350 millions d’euros, alors que le gouvernement cherche aujourd’hui à faire, par tous les moyens, des économies…
« En effet. Mais ça ne me choque pas pour des fonctions régaliennes qui conditionnent le vivre ensemble. 350 millions d’euros, ce n’est pas rien, mais quand on les compare aux 15 à 20 milliards du bouclier fiscal ou aux 70 milliards des niches fiscales, on se rend compte que la priorité n’est pas donnée à la sécurité aujourd’hui. »
La sécurité sera-t-elle au centre de la campagne de Martine Aubry si elle est désignée lors de la primaire ?
« Il ne s’agit pas de mettre la sécurité au centre, mais d’en faire une priorité et de dire que c’est une question incontournable pour 2012. Et comme beaucoup de gens reprennent l’idée que les socialistes sont mal à l’aise avec le thème de la sécurité, qu’ils ne veulent pas aborder la question, ça me semble sain d’aborder d’entrée cette question comme l’a fait Martine Aubry. »