Mon interview dans l’Usine Nouvelle

Mai 18, 2012 | Actualités, Dans les médias | 0 commentaires

Je vous invite à prendre connaissance de l’interview que j’ai accordée à l’Usine nouvelle :

Vous avez été missionné pendant la campagne auprès des chefs d’entreprise. Qui avez-vous rencontré et pourquoi ?

Je me suis entretenu avec les dirigeants de grands groupes français ou étrangers, d’entreprises de taille intermédiaire [ETI] des secteurs de l’industrie comme des services. J’ai également rencontré les patrons des grandes banques. L’idée était d’écouter leur diagnostic et de comprendre leurs attentes.

Quel est ce diagnostic ?

Il y a, bien entendu, une inquiétude assez forte sur les performances de la France. La perte d’emplois industriels, les chiffres du commerce extérieur qui montrent une difficulté à l’exportation. Ils sont sensibles à la baisse de la part de l’industrie manufacturière dans le PIB de la France. Et partage avec le nouveau Président une préoccupation sur l’emploi qui est la première des solidarités.

Comment le projet et l’équipe de François Hollande sont-ils perçus ?

Je n’ai pas senti d’opposition viscérale et idéologique contre François Hollande. Il peut y avoir des interrogations, mais l’état d’esprit qui se dégage, c’est celui du dialogue, l’idée qu’il faut construire ensemble.

Quelle est la première attente des dirigeants d’entreprise par rapport au nouveau Président ?

C’est le besoin de stabilité réglementaire et fiscale. Pour être actif, pour investir, ils ont besoin d’un environnement et d’une vision de moyen terme. Les chefs d’entreprise pensent aussi qu’il faut travailler plus par une approche de conventions et autour des branches que par une approche réglementaire unique. Les secteurs exposés à la concurrence internationale sont très sensibilisés au poids des cotisations sociales dans une logique de compétitivité des prix, même s’ils reconnaissent le rôle clé de l’innovation. L’autre point, c’est la relation grands groupes-PME. Les grands groupes se sont souvent constitués en fédérant des PME et des ETI, il ne faut pas qu’ensuite ils se renforcent contre les PME. Certains d’entre eux reconnaissent que leur direction des achats n’a pas fait du bien. Il faut promouvoir les relations qui les font grandir, comme l’initiative Pacte PME, dont s’occupe Fabrice Brégier, le patron d’Airbus.

Certains dirigeants, comme Jean-Pierre Clamadieu, le patron de Solvay, ont fait part d’un sentiment de stigmatisation des grands groupes en France. Le CAC 40, c’est l’ennemi ?

Non, nous avons des grands groupes leaders mondiaux, plus qu’en Allemagne, c’est une force. Mais notre ambition, c’est de passer du CAC 40 aux 100 champions. Pour avoir un club France des ETI et des grands groupes.

Qu’attendent les chefs d’entreprise de l’État ?

Ils veulent un État stratège, qui définisse des objectifs, plus qu’un État qui réglemente. Notre idée d’un haut-commissariat à la stratégie et à la croissance, qui fixe des priorités, est très bien accueillie. Ils veulent aussi des interlocuteurs clairement identifiés. Le patron de Renault me confiait qu’il lui est difficile d’avoir à gérer à la fois une relation avec les membres du gouvernement, les hauts fonctionnaires et l’Élysée. Il faut aussi une meilleure articulation sur le territoire. Les Régions doivent être au coeur de l’animation économique. Ensuite, il y a le suivi des entreprises avec les grands groupes pour Bercy, les PME pour les régions, les ETI aux grandes communautés urbaines.

Quels sont les sujets qui inquiètent les dirigeants ?

D’abord, les capacités financières des entreprises. Va-t-on trouver les moyens pour renforcer en fonds propres les PME et les ETI ? Ensuite vient la question de la formation. Nombre d’entre eux confient avoir des difficultés à embaucher par manque de profils adaptés. Le capital financier et le capital humain sont les deux défis pour réussir dans la compétition mondiale.