Rencontre avec Thierry Mandon dans le cadre de mon cercle Inventer à gauche

Nov 4, 2015 | Actualités, Publications et interventions | 0 commentaires

Rencontre_MandonJ’ai organisé il y a quelques jours une rencontre à Paris avec Thierry Mandon, secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur et la recherche, dans le cadre de mon cercle de réflexion « Inventer à gauche ».

Je vous propose de retrouver ci-dessous les principaux points de son intervention, qui a donné lieu a des échanges particulièrement riches.  :

 « Le système français d’enseignement supérieur est de très grande qualité. Selon l’OCDE, les élèves entrant dans le supérieur après l’enseignement secondaire sont diplômés à 80 %. C ‘est un système extrêmement performant au niveau international. C’est le 3ème pays de destination des étudiants étrangers.

Le système repose sur plusieurs principes : la pédagogie. Un enseignement de masse (amphithéâtres), et les travaux dirigés (TD). Avec l’explosion démographique, le système est confronté au défi de la démocratisation du supérieur : un nombre grandissant et hétérogène de personnes veut accéder au supérieur.  On assiste à une mise en pratique du taylorisme en matière d’enseignement supérieur. Pourtant, il faut pouvoir accueillir plus et mieux.

Le système d’enseignement supérieur français appartient au modèle continental : l’accès est universel, et les coûts d’inscription sont faibles. Les systèmes allemand ou d’Europe du Nord sont comparables. S’oppose à ceux-là le modèle anglo-saxon, caractérisé par la sélection, et des coûts d’inscription élevés.

Se pose néanmoins aujourd’hui la question de la soutenabilité financière du modèle européen. Un certain nombre de forces considèrent qu’il faut mettre en place une sélection à l’entrée et augmenter les droits d’inscription.

Financement de l’enseignement supérieur : 2,4 % pour les droits d’inscription, 90 % pour la nation, le restant étant financé par les ressources propres des universités (dons, conventions, ressources de la formation professionnelle…).

Il faut développer les ressources propres, et notamment la formation professionnelle. Des tests sont en cours dans plusieurs universités.  Il faut aussi mettre en place un suivi des anciens étudiants : pour mémoire, un diplômé de l’enseignement supérieur rapporte dans sa vie 70.000 euros de plus que ce qu’il coûte à la nation.

Nous sommes à l’aube d’une révolution en matière d’apprentissage, où le numérique va bouleverser la manière d’enseigner. Il faut anticiper ce changement, avec les écoles d’enseignants au sein des université, et accompagner l’évolution des universités à l’avenir.

Les relations recherche publique / monde de de l’entreprise : il y a dix ans, cette relation était inexistante (pas de pôles de compétitivité…). Depuis se sont mis en place différents outils qu’il convient d’interroger : la loi Allègre de 1999, les pôles de compétitivité, les instituts carnot ou les instituts de recherche technologique.

Le modèle économique d’une partie de ces outils est critiqué, à l’instar des IRT. L’entreprise touche les royalties sans juste retour vers les chercheurs. Il faut rééquilibrer la relation public/privé, réaffirmer le rôle stratège de la puissance publique.

Aux Etats-Unis, tous les candidats démocrates ont intégré à leur programme le fait que le collège (université) doit être gratuit. Les Allemands eux, consolident la gratuité de leur système universitaire, ainsi que les bourses et accompagnements. »