Assemblée parlementaire de l’OTAN en Norvège (1/2)

Oct 13, 2015 | Actualités, International | 0 commentaires

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Vue de Stavanger

L’Assemblée parlementaire de l’OTAN – dont je suis membre de la commission politique – s’est tenue du 9 au 12 octobre. C’est la troisième fois que je participais à cet événement.

Après Vilnius et Budapest, nous étions réunis à Stavanger en Norvège.

Ce déplacement en Europe du Nord s’est fait pour moi sans transition, de retour de République Démocratique du Congo.

Choc thermique, choc politique, économique et culturel !

Le Royaume de Norvège est une monarchie constitutionnelle à régime parlementaire. C’est un pays de 384.822 km2 et d’un peu plus de 5 millions d’habitants.
Avec un taux d’alphabétisation de 100%, un taux de chômage de 4% et une dette publique ne dépassant pas 27% du PIB, la Norvège vit une situation privilégiée.

La capitalisation du fonds souverain, auquel est versée la quasi-totalité des revenus des hydrocarbures norvégiens, a dépassé les 800 milliards d’euros en mai 2015. Il s’agit d’un enjeu considérable pour l’économie norvégienne et d’un partenaire important pour la France, qui occupe la 4ème place dans le portefeuille d’actions du fonds (6% en valeur). Les autorités norvégiennes rappellent d’ailleurs régulièrement que le seul critère d’investissement est le rendement à long terme, sans considération politique.

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La lutte contre le terrorisme était au coeur des débats

Après 8 ans au pouvoir, le gouvernement de centre-gauche de Jens Stoltenberg, aujourd’hui secrétaire général de l’OTAN, a cédé la place à une coalition de centre-droit.

L’euroscepticisme largement majoritaire au sein de la population et qui a conduit à rejeter à deux reprises par référendum l’entrée du pays dans l’UE (1972 et 1994) tient au souhait de la Norvège de conserver toute la maîtrise de sa politique en matière de pêche et d’agriculture, à sa prospérité économique fondée sur ses importantes ressources en hydrocarbures, à la préservation de son modèle social (« scandinave ») et au fait qu’elle bénéficie déjà du marché intérieur européen via l’accord EEE (Espace Économique Européen).

La Norvège continue à promouvoir ses points forts sur la scène internationale grâce à sa générosité en matière d’aide publique au développement, au Prix Nobel de la paix, et à son engagement dans les instances multilatérales (ONU, OTAN, OSCE, Conseil de l’Europe) et sur certains sujets (lutte contre la mortalité infantile et maternelle, accès aux médicaments, lutte contre le changement climatique), ainsi qu’à sa tradition de disponibilité au dialogue (avec le Hamas par exemple) et à la médiation (dialogue entre le gouvernement colombien et les FARC par exemple).

Membre fondateur et partenaire fiable de l’OTAN, la Norvège considère l’Alliance comme le garant de sa sécurité, ce qui ne l’empêche pas d’entretenir des relations responsables avec la Russie.

Les relations politiques franco-norvégiennes ont connu, dans les années 90, un net regain, dû au souci des autorités d’Oslo de maintenir l’ancrage de la Norvège à l’Europe.

La Norvège est le premier fournisseur de gaz de la France (près de 40% de nos approvisionnements) et l’un de nos principaux fournisseurs de pétrole.

Total est, avec 103 licences, le 2ème producteur d’hydrocarbures en Norvège, après la compagnie nationale Statoil. Et GDF SUEZ est le 2ème  acheteur de gaz norvégien.

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Commission sur la dimension civile de la sécurité

En outre, le dispositif français de coopération culturelle, scientifique et technique se situe au premier rang des implantations étrangères en Norvège, avec quatre établissements : l’Institut français de Norvège à Oslo, son antenne à Stavanger, le lycée français René Cassin d’Oslo et celui de Stavanger.

Le nombre de touristes norvégiens est aussi en augmentation depuis 2013.

La menace du terrorisme endogène et de l’extrémisme djihadiste a été un point fort dans les débats de cette assemblée parlementaire.

Les interventions des différents pays présents ont révélé une prise de conscience croissante et dans le même temps une réelle faiblesse des réponses apportées, qu’il s’agisse de l’information, de l’éducation ou de la politique de renseignements et de sécurité.

Et pourtant la nature et l’ampleur des défis que pose le terrorisme à la communauté euro-atlantique appellent une réaction urgente aux niveaux international, régional, national et infra national. Mais les États membres de l’Union européenne et de l’OTAN sont encore trop soucieux de garder pour eux leurs compétences nationales en matière de lutte antiterroriste.

Or les terroristes de l’intérieur deviennent plus nombreux et mieux organisés. Aussi, les services de renseignement et ceux chargés de l’application de la loi doivent de doter de ressources financières, de moyens techniques et d’effectifs suffisants. Ce qui est rarement le cas. Actuellement, en Europe, un grand nombre de ces services sont débordés par la liste grandissante d’individus pouvant devenir des extrémistes violents.

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Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN et Président du Conseil Atlantique Nord

La communauté euro-atlantique doit rester ferme dans la défense de ses valeurs de liberté et de démocratie. Il ne faut pas oublier que le terrorisme se nourrit de nos faiblesses et de l’écho qu’elles produisent au sein de nos propres sociétés, en partie à cause de l’amplification des actes terroristes qui est faite dans les médias. La liberté d’expression, même sous une forme satirique, est l’un des principes fondamentaux et l’on ne saurait transiger sur ce point.

Des dirigeants comme Barack Obama ou David Cameron ont déclaré publiquement que les activités du groupe Etat Islamique étaient contraires à l’islam. De même, de nombreux chefs de communautés et religieux musulmans ont condamné Daech et al-Qaïda comme faisant offense à l’islam. Malgré tout, ces initiatives ne suffisent pas et nous mesurons tous les jours que les appels à la modération et à la coexistence pacifique ne convainquent pas automatiquement les jeunes rongés par la colère et l’envie de se démarquer.

Pour eux, le discours anti-extrémiste doit proposer une autre cause tout aussi passionnante !