Audition de Dov Zerah, Directeur de l’Agence Française de Développement (AFD)

Mai 30, 2011 | Actualités, International | 0 commentaires

La Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, à laquelle j’appartiens, a récemment auditionné M. Dov Zerah, Directeur Général de l’Agence Française de développement (AFD). Face à une situation internationale qui a connu de nombreux bouleversements ces derniers temps, cette audition fût pour moi l’occasion d’interroger M.Zerah sur l’efficacité de l’aide au développement, ainsi que sur le nouveau rôle de la Chine en Afrique : 

Quel est votre sentiment, au bout d’un an, sur l’efficacité de l’aide ? Peut-on faire l’économie d’une refonte de la gouvernance mondiale ? Je pense bien sûr à l’OMC…

La question de la gouvernance mondiale est cruciale et beaucoup a été fait. La période actuelle est même exceptionnelle en ce sens, depuis les élections supervisées par les Nations Unies en Côte d’Ivoire à la Libye, sans oublier le fait que l’aide au développement soit aujourd’hui à l’agenda du G20. L’OMC est en revanche une véritable question et l’exemple du coton est là pour le rappeler : depuis 2000, la production indienne a été multipliée par 2, celle de la Chine a augmenté de 60 %, celle des Etats-Unis de 40 %, alors que celle des pays africains chutait de moitié, du seul fait des subventions ! On parle des subventions américaines, mais on ne parle pas des subventions chinoises et indiennes car ces pays appartiennent encore à la catégorie des pays en développement.

D’autre part, est-il possible que l’APD que vous apportez échappe aux circuits de la corruption ?

Quant au risque de corruption, je rappelle que nous sommes co-maîtres d’ouvrage ou assistants à la maîtrise d’ouvrage et nous ne nous contentons pas de payer. Nous procédons aux décaissements au fur et à mesure de l’avancée des projets, sur 3, 4 ou 5 ans, et nous avons la possibilité d’éviter tout risque de coulage. Comme suite aux événements en Côte d’Ivoire, en Tunisie, en Egypte, nous revoyons toutes nos règles de partenariats. Il y avait parfois un manque d’information problématique, dans certains cas. Des instructions ont été données à l’AFD et si l’on manque d’information ou si celle-ci est lacunaire, nous ne prenons pas de risque. Il y a désormais plus de verrouillage.

Enfin, la présence de la Chine en Afrique est-elle une bonne nouvelle pour les habitants de ce continent ?

Quant à la position de la Chine en Afrique, je dirais que, compte tenu de l’immensité des enjeux, tout le monde est bienvenu, les besoins sont trop importants. Que l’on songe que les investissements nécessaires pour les seules infrastructures s’élèvent à 80 milliards