Bertrand Besancenot est ambassadeur de France en Arabie Saoudite. Il a récemment fait, devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale, un point sur la situation de ce pays.
Le roi actuel Salmane est un manager, ce qui le rend très différent de son père. C’est un homme d’autorité qui est le véritable responsable de l’essor de Riyad, capitale du royaume, forte d’une vraie dynamique économique et peuplée de 5 millions d’habitants.
Les deux princes ne sont pas aussi concurrents qu’on veut bien le dire. Le prince non-héritier a la confiance de son père, ce qui le met en situation de force, et notamment sur le plan extérieur, militaire et économique.
La baisse du cours du brut (90 % des revenus du pays) a des conséquences considérables, poussant à des privatisations, en attente d’une remontée des cours (l’Arabie Saoudite peut tenir ainsi quelques années).
80 % des Saoudiens sont des fonctionnaires, qui vivent de la manne pétrolière de façon satisfaisante, ce qui explique qu’il n’y ait pas eu de printemps saoudien.
La population est très jeune et demande des distractions. Des zones franches sont en cours de réalisation dans ce sens.
Avec la France, les positions ne sont pas éloignées, qu’il s’agisse de la non-prolifération nucléaire ou de la position sur l’Irak (en opposition aux Etats-Unis objectivement favorables à l’Iran). La coalition anti Daech va dans ce sens.
Avec les USA, ils craignent la victoire de Donald Trump.
Sur le Yémen, l’Arabie Saoudite s’est sentie obligée d’intervenir pour déjouer la mainmise de l’Iran. Sans y être vraiment complètement arrivée.
L’Iran reste leur première préoccupation. Avec le temps, ils espèrent arriver à un compromis en évitant l’hégémonie de l’Iran sur le Moyen-Orient. C’est ce qui explique leur tentative de discussion avec les Russes pour les détacher des Iraniens.