Pour beaucoup, le Brésil est devenu l’eldorado des temps modernes, le géant à venir. Une stature nouvelle, symbolisé par le président Lula qui a hissé son pays au 6eme ou 7eme rang mondial, en réduisant les divisions sociales de façon sensible même si le pays reste encore très profondément inégalitaire.La Chine, pays un peu prédateur, inquiète avec son agenda politique et économique. L’Inde ne maitrise toujours pas vraiment son problème de taille. La Russie, partenaire versatile, n’arrive pas vraiment à rassurer. Des BRICS, c’est donc le Brésil qui émerge, avec sa taille humaine et sa vie démocratique.
Mais n’avons-nous pas surestimé ce pays ? Avec un taux de croissance de seulement 0,9% en 2012, soit très inférieur à ceux des autres pays d’Amérique latine, avec des infrastructures vieillissantes et un essoufflement industriel, avec une corruption et un clientélisme prégnants, le Brésil n’a t-il pas fait illusion ? Sa présidente n’hésite pas à critiquer la France, la PAC, les positions sur la Syrie et le Mali. Sa classe dirigeante, avec une vision apparemment assez tiers-mondiste de la politique internationale, ne fait plus de l’Europe une référence et se retourne vers les BRICS… et les USA !
Restons pourtant mesurés dans notre diagnostic et essayons de remonter la pente en nourrissant le débat politique : G20, présence du Brésil au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, taxes sur les transactions financières, climat, sécurité alimentaire… Faisons valoir que la France est le 4eme investisseur au Brésil et seulement le 11eme partenaire commercial, contrairement à la Chine. Le Brésil, en effet, est un pays avec un investissement faible et une productivité très, très modérée. Mais le Brésil est aussi un très grand pays, plus grand que l’Europe par sa taille. C’est le pays de la modernité, avec un taux d’urbanisation de 85%. C’est le pays des matières premières (1er producteur de café, de sucre…). Mais c’est aussi et encore un pays en proie à la misère et à la violence (100000 morts tous les ans entre la route et les violences urbaines).
Il faut donc l’aider à devenir un véritable partenaire dans une vision gagnante gagnante de nos relations. Entre la France et le Brésil, il n’y a qu’un pont de 378 mètres ! Mais que c’est long, que c’est cher pour faire des choses ensemble ! Les Brésiliens sont des entrepreneurs de nature et de volonté, deux jeunes sur trois veulent devenir chefs d’entreprise. Ouvrons-leur plus largement nos universités, multiplions les visites ministérielles et parlementaires, échangeons entre collectivités territoriales et surtout encourageons nos entreprises à investir et à vendre au Brésil.