Il y a quelques mois déjà, j’ai été désigné Rapporteur de la mission d’information sur la Chine, créée par la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Depuis cette date, les auditions et temps d’échange se multiplient, me permettant de mieux appréhender ce géant asiatique qui inquiète autant qu’il attire.
L’objectif de nos travaux est de proposer une feuille de route qui, je l’espère, influera sur la politique conduite par le gouvernement à l’égard de la Chine eu égard à la place et au rôle qu’elle joue et qu’elle jouera dans les années à venir sur la scène internationale. Nos travaux interrogent également nos relations avec le reste du monde face à la puissance chinoise, qu’il s’agisse, notamment, de nos partenaires européens, des États-Unis, des pays d’Asie du sud-est ou de l’Afrique.
Le monde est aujourd’hui dans une phase de profonde mutation et de recomposition des rapports économiques, commerciaux et diplomatiques, notamment entre les grandes régions du monde. La Chine est un acteur essentiel dans cette recomposition et il nous est apparu indispensable de mieux la connaître pour essayer de nous projeter efficacement dans le monde de demain. Notre démarche est positive et vise à apporter une pierre à l’édifice d’un monde multipolaire moteur de progrès économique et social pour tous et plus respectueux de la planète et des générations futures.
Nos travaux se font l’écho d’interrogations, qui sont très nombreuses, sur la puissance chinoise et son modèle. Proposer des orientations de politique étrangère pour la France nécessite au préalable d’analyser les ressorts de la croissance chinoise, ses limites, l’organisation de ses pouvoirs, finalement la façon dont la Chine va se saisir des grands défis auxquels elle est confrontée : évolutions démographiques, basculement du moteur de la croissance vers la demande intérieure, développement du numérique, dépendance énergétique, pollution, développement de l’État de droit, inégalités sociales et cohésion nationale, pour n’en citer que quelques-uns.
La mission s’interroge par ailleurs sur le positionnement de la Chine sur la scène internationale et sur ses intentions, dans la région Asie-Pacifique, dans ses relations bilatérales avec les États des autres continents, mais aussi en qualité de membre permanent du Conseil de sécurité, du G20, de l’OMC et de pays incontournable sur les sujets mondiaux traités au niveau multilatéral (sécurité, prolifération, climat, réforme du système monétaire international, marchés des matières premières etc.). Mais la mission s’interroge aussi sur la place de la France et la façon dont elle doit elle aussi relever des défis importants, à commencer par celui de la crise économique et financière et de son insertion dans l’économie mondiale.
Le champ des interrogations est donc vaste et très difficile à hiérarchiser. Nous ne les épuiserons évidemment pas en quelques mois. Mais en tous les cas c’est un travail passionnant et je souhaite qu’il puisse aider à structurer un partenariat équilibré et « gagnant-gagnant ». Je reviendrai prochainement sur ce sujet, au fil des prochaines auditions et temps de travail de notre mission d’information.