Politique énergétique : la nécessité d’une vision européenne

Juin 20, 2014 | Actualités, Développement durable, International | 0 commentaires

L’annonce de la coupure de l’approvisionnement en gaz de l’Ukraine lundi 16 juin est un signe inquiétant de la reprise des tensions diplomatiques entre Kiev et Moscou. L’utilisation du gaz comme levier politique fait partie intégrante de « la diplomatie de confrontation » de la Russie que Jean-Maurice Ripert, ambassadeur de France à Moscou, présentait lors de son audition à la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale le mardi 3 juin dernier.

Mais plus que l’Ukraine, c’est l’Union européenne dans son ensemble qui est dépendante du gaz russe. Si la Russie lui fournit un tiers de ses besoins en gaz, l’Europe est surtout le premier importateur d’énergie au monde. Presque 60% de sa consommation en gaz et 80% en pétrole proviennent de l’étranger. Sa facture énergétique s’élève chaque année à près de 545 milliards d’euros. Il est donc important d’améliorer les installations de stockage et de développer le réseau d’interconnexions pour assouplir le système de transport gazier déjà en place sur le continent.

Par ailleurs, afin de réduire cette dépendance et d’accroître la sécurité énergétique, il reste de nombreux efforts à faire pour diversifier les voies d’approvisionnement au sein de l’Union européenne et achever le marché intérieur de l’énergie. La « crise du gaz » russo-ukrainienne doit remettre la question d’une politique énergétique commune en tête des priorités. La principale force de l’Union européenne étant son unité, il est urgent de parvenir à l’élaboration d’un mix qui préserve les atouts des différents modèles tout en relevant le défi climatique.

En France, le projet de loi pour la transition énergétique présenté hier par Ségolène Royal marque une avancée notoire pour lutter contre le dérèglement climatique et réduire notre dépendance aux énergies fossiles. L’inscription d’objectifs en termes de réduction de nos émissions de GES (-40% en 2030 par rapport à 1990) et de réduction de la part des énergies fossiles dans le mix énergétique (-30% pour 2030) est une bonne chose. Une loi de qualité ne se mesure pas à l’empilement de normes mais à des cadres juridiques et budgétaires clairs. Aussi, les allègements fiscaux pour les travaux de rénovation énergétique, le doublement du fond de chaleur ou le déblocage de 5 milliards d’euros de la Caisse des dépôts et consignations pour des prêts dédiés sont autant d’outils favorables à l’investissement nécessaire pour poursuivre ces objectifs.

Pour autant, il est indispensable de porter une vision plus large de notre politique énergétique. La France est actuellement le premier producteur d’énergies en Europe. L’énergie nucléaire est un atout pour notre commerce extérieur et pour assurer la pérennité d’une offre suffisante, faiblement émettrice. L’enjeu est aujourd’hui de donner la priorité à la recherche et à l’innovation dans le nucléaire, dans les réseaux intelligents, ainsi que dans le stockage des énergies renouvelables pour lisser l’offre à l’échelle européenne. Alors seulement, une politique énergétique commune entre les 28 sera concevable.