Rencontre avec Alain Bauer, expert en criminologie

Déc 3, 2015 | Actualités, International, Personnalité | 0 commentaires

Alain-bauer

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J’ai participé mercredi à un petit-déjeuner organisé dans le cadre de la Commission des Affaires étrangères en présence d’Alain Bauer, expert en criminologie, président du collège du Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS).

Il était intéressant à cette occasion d’entendre son analyse des attentats du 13 novembre, en particulier sur les causes et les suites à donner dans la lutte anti-terroriste.

Alain Bauer a tenu à rappeler que le terrorisme avait changé de nature avec la fin de la guerre froide et la chute du mur de Berlin. Nous sommes ainsi passé d’un terrorisme « contrôlé » dans chacun des deux camps à un terrorisme devenu pluriel, hybride et auquel personne n’a su répondre. D’abord avec Al-Qaïda, organisée de façon éclatée à la méthode trotskiste. Puis avec Daech, organisé de façon centralisée, sur la base de la conquête d’un territoire, d’un califat, avec des combattants qui sont pour beaucoup d’anciens délinquants.

Face à cette nouvelle donne, il n’y a pas d’antiterrorisme constitué en Occident. Ni aux Etats-Unis, en dehors de New York depuis peu, ni en Europe.

En France, les services se sont empilés sans véritable coordination et il n’y a toujours pas de culture du « renseignement », qui n’a rien à voir avec celle du contre-espionnage. Tout est à monter et à organiser…

J’ai profité de cet échange pour rappeler qu’en son temps, Marie Curie aimait dire que « dans la vie, il n’y a rien à craindre, il y a tout à comprendre ! ».

Disons qu’aujourd’hui la peur domine, une peur qui n’est pas toujours bonne conseillère comme on risque de s’en apercevoir dimanche prochain dans les urnes.

Quant à la compréhension de ce terrorisme complexe mêlant idéologie et théologie, recherche de puissance territoriale et besoins de financement, on peut s’interroger sur ce qu’il faut combattre prioritairement.

J’ai plaidé pour qu’on accorde plus d’importance à la dimension financière. Daech tire des ressources considérables du pétrole provenant des puits qu’il contrôle. La capacité à attirer dans ses filets des combattants en Syrie et en Irak, ainsi que des terroristes ailleurs en dépend fortement.

On se souvient qu’Al-Qaïda avait instauré pour chaque combattant une feuille de paie en même temps qu’une feuille de route. L’apprenti délinquant / terroriste ne peut être indifférent à tout cela !

On peut se réjouir que l’Assemblé Nationale ait décidé la mise en place d’une mission d’information sur le financement du terrorisme radical. Je compte bien en faire partie.