Tribune : Ce qu’il faut savoir sur le chantier de la ligne Lyon-Turin avant le sommet franco-italien

Mar 6, 2016 | A l'assemblée, Actualités, Dans les médias, International, Publications et interventions | 0 commentaires

Retrouvez la tribune que j’ai cosignée avec Michel Bouvard, sénateur de Savoie, dans laquelle nous rappelons les enjeux d’une liaison entre Lyon et Turin avant le prochain sommet franco-italien. Tribune parue le 4 mars sur le Huffington Post.

tribune_huffingtonpostAvant le prochain sommet bilatéral franco-italien de Venise le 8 mars prochain, nous tenons à rappeler les enjeux liés à ce qu’il convient d’appeler désormais le chantier du Lyon-Turin. Cette ligne ferroviaire nouvelle assurera la liaison pour les marchandises et les voyageurs entre ces deux métropoles. Mais elle sera surtout le trait d’union entre l’ouest et l’est de notre continent européen, allant de Lisbonne à Budapest.

L’année 2015 a été marquée par une série de décisions décisives pour l’avancement du chantier:

  • la mise en place le 23 février 2015 du promoteur public, la société Tunnel Euralpin Lyon Turin (TELT) détenue conjointement par l’Agence de Financement des Infrastructures de Transport de France (AFITF) et les Chemins de fer italiens ;
  • la signature de l’avenant au traité de Turin du 24 février 2015 concernant l’engagement des travaux du tunnel de base de 57 kilomètres, reliant Saint-Jean-de-Maurienne à Suse ;
  • l’engagement de l’Union Européenne de financer à hauteur de 40% la première tranche de travaux sur la campagne budgétaire 2014-2020.

Dans le prolongement du rapport que nous avions remis au Premier Ministre, dans le cadre de la mission qu’il nous a confiée, nous souhaitons après en avoir présenté les conclusions au parlement rappeler les étapes restant à accomplir pour permettre la mise en service effective de la ligne d’ici 2030.

Il s’agit en premier lieu de la ratification par les parlements français et italien, dès cette année, de l’avenant au traité de Turin du 24 février 2015.

Il s’agit ensuite de l’adoption cette année des dispositions législatives et réglementaires préalables à la création dans la loi de finances pour 2017 de l’Eurovignette Alpine. Cette dernière comme nous le préconisions dans notre rapport, conjuguée à une ingénierie financière de long terme assise sur des prêts de mobilité verte du Fonds d’épargne de la Caisse des Dépôts et des prêts de la BEI, doit permettre de dégager, au travers d’une majoration modulée et limitée des péages dans le massif alpin pour les poids lourds, la moitié du financement nécessaire pour la part française. Cette dernière représente un quart du coût global de l’ouvrage.

Enfin, il conviendra d’engager rapidement les discussions sur le financement de la deuxième tranche de financement de l’Union Européenne, au-delà des 813,8 millions d’euros de la période budgétaire 2014-2020.

Au-delà de ces éléments techniques, il nous semble aussi primordial que l’autoroute ferroviaire alpine (AFA), reliant Aiton en Savoie à Orbassano en Italie, passe enfin de la phase expérimentale engagée depuis 2003 à une exploitation définitive, conformément à l’annonce faite par le Président de la République lors du sommet bilatéral franco-italien de 2013.

Cette montée en puissance de l’AFA permettra d’amorcer les flux de report modal par le tunnel historique du Mont-Cenis, comme la France s’est engagée à le faire dans la Convention Alpine de 1991, dans la loi dite « Grenelle de l’environnement » et conformément aux orientations de la COP21.

En effet, compte tenu des caractéristiques de la ligne historique : pentes soutenues, vitesse réduite, capacité limitée et coût de traction élevé, cet itinéraire de l’AFA ne saurait se substituer à la réalisation du tunnel de base entre Saint-Jean-de-Maurienne qui seul, pourra accueillir des trains longs, proposer des services d’autoroutes ferroviaires grands gabarits plus compétitifs.

L’engagement d’une telle politique est particulièrement attendu par les élus locaux mais aussi par les populations des vallées alpines de Maurienne et de l’Arve, qui voient passer chaque année plus de 1,3 million de camions sous leurs fenêtres.

Nos partenaires italiens et espagnols, les opérateurs économiques et les entreprises intéressés par la réalisation du corridor méditerranéen, et tout particulièrement par la section transfrontalière entre Lyon et Turin, sont eux aussi très attentifs aux étapes qui restent à franchir afin d’améliorer les transports dans l’ensemble de ce corridor qui concerne près de 200 milliards d’euros d’échanges commerciaux annuels. Elle constitue aussi un enjeu d’attractivité pour les ports français en ouvrant l’accès à l’Europe continentale.