Afghanistan : restons vigilants !

Juil 4, 2011 | Actualités, International | 0 commentaires

La France a annoncé le retrait progressif de ses 4000 soldats déployés en Afghanistan. Cette décision est intervenue dix ans après le déclenchement de l’intervention militaire contre les talibans en 2001 et quelques heures après l’annonce du Président Barack Obama de retirer un tiers des effectifs militaires américains d’ici 2012, soit 33 000 soldats sur les 100 000 présents. La France a souhaité s’inscrire dans ce calendrier accéléré de retrait des troupes, alors que les derniers effectifs de la coalition militaire menée par l’OTAN devraient partir en 2014 comme prévu.

Cette décision intervient dans un contexte favorable, alors que Ben Laden a été abattu par les forces spéciales américaines et que l’organisation terroriste Al-Qaïda s’est retrouvée décapitée, que des négociations avec les talibans modérés et les nationalistes pachtounes ont été entamées au sein du gouvernement afghan, que les printemps démocratiques dans les pays arabes ont pu affaiblir le projet idéologique d’Al-Qaida. Cette décision répond également aux attentes de la plupart de nos concitoyens, qui ne veulent plus tenir le macabre décompte des soldats français morts au combat en Afghanistan.

Gardons nous cependant d’échouer sur un double écueil :

– Si les responsabilités en matière de sécurité doivent être complètement transférées aux Afghans à partir de juillet 2011, il ne s’agit pas pour autant d’abandonner le pays. Les forces de sécurité intérieures afghanes ont bénéficié d’une formation de qualité de la part des troupes de la coalition, mais cette formation est considérée par certains experts comme insuffisante. Le gouvernement en place rencontre de même des difficultés pour former une armée nationale professionnelle, à cause notamment du manque de ressources humaines et financières dans un pays exsangue et dont les structures d’Etat n’ont jamais existé. Nous devons donc continuer d’aider le peuple afghan à assurer sa propre sécurité. Laisser les Afghans construire leur propre histoire ne signifie pas les abandonner et nous devons garder à l’esprit que leur sécurité sera la première de leur liberté.

– La menace Al Qaïda n’a pas pour autant faibli depuis l’élimination de celui qui était devenu l’ ennemi public mondial numéro un, Oussama Ben Laden. Al Qaïda tenant plus du « label terroriste » que de l’organisation réellement structurée et pyramidale, la perte de son leader ne nous met pas à l’abri, loin s’en faut, de nouvelles actions terroristes meurtrières, quelles soient perpétrées par Al-Qaïda elle-même ou par un autre mouvement terroriste s’en prévalant. En dix ans, la menace terroriste s’est par ailleurs clairement déplacée de l’Afghanistan à quelques centaines de kilomètres plus loin, au Pakistan. Il s’agit dès lors de rester particulièrement vigilant sur cette zone géostratégique qui pourrait être déstabilisée par un seul pays, possédant par ailleurs l’arme nucléaire.

Ces deux principales conditions réunies, nous pourrons alors considérer que l’intervention militaire des forces alliées en Afghanistan sera synonyme de paix durable pour la région.