Réflexions depuis l’avion pour New York …

Oct 29, 2011 | Actualités, International | 0 commentaires

Il y a des jours moins heureux que d’autres. Il me reste alors toujours Beethoven pour m’échapper, pour rechercher un peu de réconfort. Avec son concerto n°3 pour piano, je retrouve un moment de quiétude; le piano qui me rapproche de Marie, en vol séparé pour N’Y via Washington; Beethoven qui a donné un hymne à l’Europe et Beethoven que l’on jouait à Auschwitz…

Dans quelques heures, je retrouverai NYC, cette ville que j’aime, cette ville où vit désormais Marilia, ma princesse, avec Damien et Roman.
Ce sera l’occasion de replonger une nouvelle fois dans cette atmosphère unique, où l’architecture, la culture, le goût d’entreprendre, les couleurs du monde sur tous les visages, se mêlent plutôt avec bonheur, dégageant un parfum singulier qui inspire les créateurs, les tenants du mouvement et de l’innovation et qui donne à cette cité une force incroyable.
Ce sera bien sûr aussi et surtout la joie de fêter le 1er anniversaire de Roman, qui porte fièrement le prénom de Gary, qui traversa le 20ème siècle en emportant avec lui son cortège d’épreuves, de drames et de succès. Des shetels lituaniens aux prix Goncourt ravis deux fois, avec talent et malice, ce Compagnon de la Libération a forgé une véritable légende qui rappelle un autre grand destin, celui de Stéphane Hessel qui, de Berlin à Paris, du serment de Buchenwald à la Déclaration universelle des droits de l’Homme, a marqué des générations d’insurgés et d’engagés.
Marilia a le sens de l’histoire, celle de sa famille maternelle en particulier, qui a survécu aux épreuves du monde, là-bas aux confins de l’Europe. Elle veut donner sens, au-delà des continents, de l’Amérique au bout de l’Afrique, au destin d’une diaspora dispersée.
Bon sang ne saurait mentir : avec un aïeul peintre à la cour des Tsars, avec une mère et une cousine américaine stylistes, avec un autre cousin producteur de films, elle devait se réaliser dans l’art et la création. C’est chose faite avec la photographie, mêlant intelligence et sensibilité.

Beaucoup autour de moi, en particulier dans les moments supposés de moins bien, me rappellent la chance que j’ai eue jusque-là d’une vie dense, soulignant la diversité de mon parcours universitaire, professionnel et politique. Mais ils oublient de me dire l’essentiel : ma famille et ma passion pour la découverte du monde. Et je n’ose en retour les solliciter dans cette quête d’évasion et d’aventure.

Pourquoi ai-je préféré finalement la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale à celle des finances? Pourquoi ai-je voulu promouvoir les valeurs de mon pays, valeurs de justice et de liberté, en les conjuguant à celles de nos entreprises innovantes et exportatrices?
Et beaucoup autour de moi ont été étonnés de l’importance que j’ai souhaité donner aux actions de mémoire et aux rencontres internationales. C’est en fait la traduction concrète, simple, à la mesure des moyens qui me sont donnés, de ma sensibilité familiale, de cet environnement qui s’inscrit dans le temps et l’espace en lettres de sang et d’espérance.

Et c’est avec émotion et admiration que je suis les vies si pleines de Vincent au Brésil et hier autour du monde, de Matthieu au parcours professionnel exceptionnel, par sa réussite et ses déplacements continuels aux 4 coins de la France et du monde, et bien sur de Marilia à N’Y.

Et puis, beaucoup s’étonnent de ma passion demeurée intacte pour la montagne, à un âge où l’on devrait plutôt s’adonner à des activités sportives moins intenses. Mais c’est oublier que la découverte du monde passe aussi par la conquête de ces sommets, découverte où se conjuguent la recherche d’un univers difficile à domestiquer et la mobilisation de ce que l’on a de plus fort en soi, physiquement et mentalement; découverte partagée avec ceux que vous choisissez, qui deviennent les plus proches, les plus chers.
Je garderai en mémoire jusqu’au soir de ma vie ces moments si singuliers, si précieux, d’une intensité émotionnelle rare : l’ascension des 3 Monts blancs avec Matthieu et Vincent, âges de 13 et 15 ans, l’escalade dans les Dolomites avec Marilia, la traversée de la Meije, les sommets de l’Eiger, des Grandes Jorasses, du Cervin et de l’Aconcagua, le camp de base de l’Everest, contemplant le toit du monde en écoutant un concerto de Bach et en liaison téléphonique avec Marie, Françoise et Maud, les camps d’altitude du Cho Oyu dans l’attente désespérée d’un ciel plus clément.

Beaucoup s’imaginent que tout s’ordonne autour d’une passion obsédante à laquelle on pense chaque matin en se rasant. Pour ma part, j’essaie déjà de ne pas me couper, puis de songer à organiser ma journée pour introduire un peu de bleu dans le ciel, quand les nuages de la vie ont tendance à s’accumuler. Chaque jour, ce bleu a un nom, un visage; le nom et le visage de tous ceux qui croient à l’aventure collective qui ait du sens pour chacun.

Comment, dans ces conditions, démêler ce qui fait le sel de la vie, activités publiques et privées, sentiments et raison, rêve et réalité ? Dans une unité qui est l’essence même de l’être humain dans son aptitude à mobiliser tous ses sens et qui me rend incompréhensibles les singeries de ces personnages politiques qui se composent une attitude, forcement réductrice…
Comment, au total, donner du temps au temps, selon la célèbre formule, permettant à chacun de desserrer l’horizon de ses complexes psychologiques ou idéologiques et de donner le meilleur de lui-même, au-delà des épreuves et des situations pénalisantes ?
Et comment, au bout du bout, ordonner sa vie pour lui laisser l’envie de l’entreprise, la saveur de l’aventure et le parfum du succès?
Souhaitons que l’automne de la réflexion se poursuive sur un hiver de murissement, éclatant sur un printemps de l’espoir retrouvé et sur un été de plénitude achevée !