Déjeuner de travail avec Bernard Cazeneuve

Oct 7, 2016 | A l'assemblée | 0 commentaires

B. Cazeneuve / DR Reuters

B. Cazeneuve / DR Reuters

Mardi 20 septembre dernier, j’ai été convié, en tant que membre de la commission des Affaires étrangères, par le Ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, à un déjeuner de travail consacré aux questions de sécurité intérieure. L’action du gouvernement contre le terrorisme était bien sûr au centre des discussions ; mais nous avons également abordé la situation extrêmement délicate à Calais et le nécessaire démantèlement de la zone d’installation illégale des migrants. Le ministre s’est enfin prononcé en faveur de la création d’un véritable Islam de France, à même de combattre l’islamisme radical et violent qui gangrène l’esprit de certains de nos concitoyens. Il a rappelé les actions entreprises par le gouvernement depuis 2015 pour permettre son plein déploiement sur le territoire national et sa nécessaire autonomisation financière et idéologique.

Sur le terrorisme :

Concernant le terrorisme, le ministre a rappelé que la menace terroriste demeurait extrêmement élevée sur notre sol comme chez nos voisins européens. Cette menace est aujourd’hui mouvante et protéiforme ; les attentats macabres des derniers mois en témoignent malheureusement, qu’ils aient été perpétrés par des commandos organisés (attentats de Paris, le 13 novembre 2015) ou par des individus plus  isolés comme à Magnanville ou à Nice. Pour y faire face, la mobilisation de nos forces de sécurité doit être totale, et c’est en ce sens que le gouvernement rehausse les effectifs et modernise leurs équipements.

Avec 90.000 personnes mobilisées pour assurer la sécurité de nos concitoyens et des visiteurs, l’Euro 2016 a constitué un moment charnière de ce renforcement sécuritaire. La vigilance a depuis été maintenue à son niveau maximal, avec  le déploiement de près de 100.000 effectifs de sécurité sur tout le territoire. En plus des 90.000 policiers et gendarmes en poste, le dispositif de l’opération Sentinelle a été maintenu, avec ses 10.000 militaires protégeant en priorité nos gares, aéroports, péages, etc. Ces mesures n’ont pas été sans conséquence puisque sur les 48 millions de personnes contrôlées à l’ensemble de nos frontières terrestres, aériennes et maritimes depuis le 13 novembre 2015, 28.000 d’entre elles ont été empêchés d’entrer sur le territoire.

L’efficacité du dispositif se mesure également au plan juridique. L’adaptation de notre droit a permis d’ouvrir près de 300 procédures judiciaires à l’encontre des ressortissants impliqués dans les filières djihadistes. De nombreuses interdictions d’entrée et de sortie du territoire ont été prononcées au terme de ces procédures (plus de 500 en tout !), et 80 prêcheurs de haine et autres pseudos-imams autoproclamés ont été expulsés. Manière de rappeler que les extrêmes n’ont pas le monopole de la fermeté quand il s’agit de protéger nos concitoyens ! Depuis le début du quinquennat, ce sont en effet trois lois antiterroristes et une loi renseignement qui ont été adoptées en France. Où est le prétendu laxisme du gouvernement dans cette affaire ?

C’est encore sur le terrain européen que la France avance dans la sécurisation et la lutte antidjihadiste, avec notamment la mise en place prochaine d’un corps de garde-frontières et de garde-côtés européens, l’adoption d’un PNR européen pour prévenir les mouvements djihadistes dès la réservation de leurs billets d’avions, et le renforcement des échanges d’informations entre nations du continent. On le voit, la sécurité est au cœur des préoccupations de tous les Français, citoyens, législateurs et gouvernants.

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Concernant Calais :

A Calais, objectifs de sécurité et respect de la dignité humaine ne font pas alternative. Si le démantèlement du campement de la lande me paraît nécessaire, c’est d’abord à cause des conditions de vie insalubres et indignes que les migrants y rencontrent. La sécurisation de la frontière étant totale (aucune intrusion dans le tunnel recensée depuis un an), l’espoir d’une traversée pour les pauvres hères qui y ont été conduits par des marchands de rêve sans scrupules doit être abandonné. Je souhaite bien évidemment que soient privilégiés les départs volontaires, car on ne peut plus tolérer que des individus restent sur place illégalement. J’en appelle donc à la solidarité nationale pour que des solutions d’hébergement soient trouvées pour ces damnés de la terre, trop souvent coupables de n’être pas nés au bon endroit.

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Combattre l’islamisme radical  :

J’appelle enfin de mes vœux la création d’un Islam de France, fort et autonome, en capacité de combattre l’islamisme radical et violent. Les premiers jalons ont d’ores et déjà été posés, avec diverses instances de dialogue organisées depuis juin dernier. A la nécessaire prévention de la radicalisation s’ajoute désormais le renforcement considérable des formations universitaires à destination des imams français sur la laïcité (principe républicain auquel nul ne doit déroger), le droit et la sociologie des religions. Avec la création d’une nouvelle Fondation de l’Islam de France, c’est une institution culturelle, éducative et sociale que nous nous engageons à promouvoir.