Rencontre avec l’Ambassadeur de France en Irak, dans le cadre de la Commission des Affaires étrangères

Mar 11, 2016 | A l'assemblée, Actualités, International | 0 commentaires

Marc Barety, ambassadeur de France en Irak

Marc Barety, ambassadeur de France en Irak

J’ai récemment eu l’occasion de participer à une rencontre très intéressante avec M. Marc Barety, depuis dix-huit mois Ambassadeur de France en Irak, pays en proie aux pires difficultés passées et présentes.

L’Etat irakien est considérablement affaibli par la présence de Daech sur au moins 20% de son territoire, avec un communautarisme et un tribalisme très forts ainsi qu’un Kurdistan quasi-autonome au Nord du pays.
La situation économique n’est pas florissante non plus. Elle est notamment marquée par la chute du prix du pétrole. Le barrage de Mossoul, quant à lui, menace de céder avec à la clé près de 500.000 victimes potentielles.
En bref, le pays accumule un grand nombre de risques politiques, militaires, économiques et sociaux pouvant conduire à l’anarchie…

Le Premier Ministre Haïder al-Abadi est volontaire, actif au plan intérieur comme au plan international. Il a réussi à former un gouvernement à peu près viable, qui comprend aussi des ministres kurdes. À terme, on pourrait imaginer un Irak fédéral (chiite, sunnite et kurde) par une sécularisation de la société.
Sur le plan international, il mène une politique de réconciliation régionale, notamment avec l’Iran et l’Arabie saoudite. Même si les Irakiens chiites sont persuadés que c’est l’Arabie saoudite qui est derrière Daech, il n’y a pas aujourd’hui de conflits à la frontière avec ce pays. On s’en tient, de part et d’autre, à des gesticulations.
Sur le plan militaire, Daech a été repoussé avec les forces armées irakiennes, celles de la coalition internationale et l’aide des milices. Les seules troupes terrestres engagées sont irakiennes. Les forces tribales sont en cours de formation mais sont observées avec méfiance (que feront-elles à l’avenir après la guerre contre Daech ?). On assiste, en tout cas, à une stabilisation des zones libérées.
Le Premier Ministre s’emploie aussi à éviter les conflits avec la Turquie qui est très présente au Kurdistan et très hostile au PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan).
Malgré tout cela, le bilan reste fragile et trop maigre en matière de reconstruction institutionnelle et législative, Haïder al-Abadi demeurant minoritaire dans son propre parti.

La France essaie de soutenir positivement le Gouvernement et son Premier Ministre, notamment dans la lutte contre Daech et par l’aide humanitaire. Au plan économique, nous sommes surtout présents à travers de grands groupes comme Lafarge et Orange.
La situation du Pays ne facilite pas les choses… L’ambassade de France à Bagdad comprend 54 personnes dont 27 agents de sécurité ! On ne peut se déplacer qu’avec d’infinies précautions et en voiture blindée, même si le nombre des victimes a plutôt baissé et que Daech n’a plus le monopole des attentats…