La politique de la ville, une chance de rebond pour notre pays.

Août 11, 2014 | Actualités | 0 commentaires

Grenoble, quartier Mistral. Le pôle sport et culture avant les travaux.

Grenoble, quartier Mistral. Après les travaux, la « naissance » du Plateau.

Grenoble, quartier Teisseire, avant les travaux.

Grenoble, quartier Teisseire, après les travaux.

Relisant l’ouvrage remarquable sur la politique de la ville de mon ancien collaborateur à l’AMGVF, Emmanuel Heyraud, je ne peux manquer de mesurer que, 40 ans après l’émergence publique de ces politiques de solidarité en direction des quartiers et des populations en difficultés, il y a encore loin de la coupe aux lèvres.
Souvent, j’ai rappelé que les 2 objectifs qui m’ont mobilisé pendant mes 19 années de maire, c’était la réduction des inégalités sociales et l’ouverture au monde et à ses cultures. C’était dire que je voyais l’avenir de Grenoble dans l’articulation dynamique entre économie et social, entre local et international.
Président du Conseil National des Missions Locales puis du GART et de l’AMGVF, je me suis engagé nationalement pour donner sens, dans la mesure de mes moyens, à ces politiques de cohésion en milieu urbain.
Je ressens avec tristesse aujourd’hui l’absence d’engagement prioritaire de l’Etat sur cette question essentielle qui concerne près de 10 millions d’habitants et le manque d’initiatives au plan local des nouvelles équipes municipales.
Les forts taux d’abstention, observés à chaque scrutin dans les quartiers populaires, le désarroi d’une partie de notre jeunesse, les difficultés du vivre-ensemble sont autant d’obstacles au redressement social, bien sûr, mais aussi économique de notre pays.
Je partage pleinement, à cet égard, l’analyse d’Emmanuel Heyraud:
« Les difficultés que rencontre la politique de la ville à émerger comme une priorité d’action, en France, est à l’image de la difficulté qu’a le pays à assumer ses diversités, qui sont pourtant autant de leviers de développement socio économique et de richesses potentielles.
La France ne se vit pas comme un pays d’immigration, alors que c’est un des pays les plus métissés et cosmopolites d’Europe. On se prive là d’une élite issue des quartiers, aux parcours originaux et diversifiés.
Rappelons que la politique de la ville n’est pas seulement un enjeu français, loin s’en faut. C’est une question globale avec les flux et les brassages démographiques, que la mondialisation encourage et que les quartiers populaires vivent en première ligne, avec l’arrivée fréquente de nouvelles populations venues d’ailleurs.
Cela interroge le vivre-ensemble et la façon dont les sociétés occidentales acceptent de renouveler leur approche de l’altérité et de la solidarité, mais aussi comment elles se mettent en position de s’accepter comme structurellement diverses, sans pour autant perdre leurs principes et valeurs démocratiques. »
Grenoble a su initier avec Hubert Dubedout et Bertrand Schwartz les premières réflexions et actions dans ce domaine il y a plus de 30 ans. Elle a poursuivi, avec les équipes municipales que j’ai conduites, cet engagement prioritaire aux plans de l’habitat, de l’éducation, de l’insertion, des déplacements ou de la sécurité. Je ne comprendrais pas que les nouvelles équipes ne poursuivent pas vigoureusement ce qui a été engagé et qui est devenu un patrimoine commun.
Le local opposé à l’international, le penchant idéologique à vouloir faire systématiquement autrement, l’absence de signes politiques forts dans ce domaine prioritaire après plusieurs mois, la trop faible mobilisation sur les enjeux intercommunaux au moment où se dessinent les contours de la future métropole, sont pour moi autant de sources d’inquiétude.
Afin qu’on ne se méprenne pas sur mes intentions ou mes raisons d’intervenir, je laisse le dernier mot à Gérard de Nerval: « l’expérience de chacun est le trésor de tous »