Quelle action économique pour les collectivités locales ?

Sep 27, 2007 | Actualités | 0 commentaires

ForummulhouseJ’ai participé mardi matin à un forum organisé par l’AMGVF à Mulhouse sur le thème  »anticiper les mutations économiques d’un territoire ». Question importante à l’heure où la mondialisation est trop souvent présentée sous l’angle des délocalisations. Question délicate également surtout dans cette région où les industries minières et automobiles rencontrent de réelles difficultés. J’ai donc essayé de faire valoir une vision volontaire et efficace de l’action économique locale.

L’économie étant désormais mondiale, les territoires se retrouvent nécessairement en compétition. L’enjeu du développement territorial, c’est donc celui d’une stratégie qui permette de conserver un avantage compétitif, donc d’anticiper les mutations économiques à la fois locales et globales.

Les territoires ont deux options : la compétition sur les coûts et celle sur l’innovation. En Europe de l’Ouest, la compétition sur les coûts est sans avenir : quels que soient les bénéfices potentiels de l’abaissement du coût du travail en matière de lutte contre le chômage, ils sont quasi nuls face au risque de délocalisation, tant l’écart est important. Notre seule chance raisonnable de développer nos territoires, de créer de l’emploi et de limiter le risque de délocalisation passe donc par l’économie de l’intelligence, c’est à dire l’innovation. La meilleure anticipation, c’est donc une stratégie visant à créer des "territoires intelligents"

Il me semble pour cela qu’il y a trois enjeux majeurs à relever.

D’abord relier les entreprises et les territoires comme nous l’avons fait ici avec HP qui a failli délocaliser une partie de ses activités et qui, après y avoir renoncé, aujourd’hui rejoint le pôle de compétitivité Minalogic. Il faut donc faire "prendre racine" aux entreprises en intervenant évidemment sur l’attractivité des territoires mais aussi sur la complémentarité des acteurs (en favorisant les liens entre université, recherche et industrie) et la compétitivité en créant des réseaux d’acteurs économiques au niveau local comme au niveau global.

Le deuxième enjeu est de relier entre eux les territoires et leurs entreprises. C’est la stratégie des réseaux de villes que nous avons développée en Rhône-Alpes avec Raymond Barre puis Gérard Colomb autour d’un axe fort Lyon – Grenoble. Une stratégie qui doit évidemment également s’entendre au niveau européen avec des réponses communes aux appels à projet de la Commission européenne notamment sur les domaines de l’innovation et de la recherche.

Le troisième et dernier enjeu est, à mes yeux, de relier les territoires, les entreprises … et les citoyens. Du fait d’une évolution du capitalisme qui obéît de plus en plus à des logiques financières de court terme, le monde de l’entreprise a de plus en plus mauvaise presse auprès du grand public. Il me semble donc important de favoriser des partenariats locaux plus étroits entre les collectivités et les entreprises sur des services qui améliorent la vie quotidienne des habitants comme les crèches ou qui accompagnent la ville dans son développement (mécénat culturel et sportif…)

Fort de mes expériences de chef d’entreprise mais aussi de Président du Conseil national des Missions Locales, j’ai enfin fait valoir que pour être réellement efficace en terme de création d’emplois, l’action économique locale devait impérativement porter, à part égale, sur deux volets : d’une part, celui de l’innovation, de l’autre, celui de la formation et de l’insertion professionnelle. L’un et l’autre étant des moyens efficaces pour anticiper les mutations économiques des territoires.