Il y a 70 ans, le monde découvrait avec effroi la réalité du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau

Jan 25, 2015 | Actualités, Non classé | 0 commentaires

Ce matin nous étions réunis à Grenoble, autorités de l’Etat, élus, associations pour la mémoire et habitants, pour deux commémorations qui prennent un sens d’autant plus fort après les attentats des 7, 8 et 9 janvier derniers à Paris.

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A 10h15 débutait la cérémonie du 46e anniversaire de la disparition d’Eugène Chavant, Chef civil du Vercors pendant la deuxième guerre mondiale, fait Compagnon de la Libération par le Général de Gaulle en même temps que la Ville de Grenoble (1944). Un moment de recueillement organisé chaque année par l’Association des Pionniers et Combattants Volontaires du Vercors devant le monument érigé en sa mémoire sur la place Valentin Hay. L’association fondée par Eugène Chavant en 1959 perpétue ce qui fut le second combat d’Eugène Chavant, pour lequel il voua le reste de sa vie : le travail de mémoire.

L’importance des commémorations dans ce travail est cruciale. Hannah Arendt l’explique avec force : « la commémoration est la mémoire des commencements mais elle est aussi leur mise à distance et l’appel à de nouveaux commencements ».

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A 11h débuta la cérémonie du 70e anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau devant le monument de la Déportation sur l’esplanade des Communes Compagnon de la Libération. En présence des autorités civiles et militaires et d’Hervé Lagrange, fils de Simone Lagrange, Présidente de l’Amicale des anciens déportés d’Auschwitz-Birkenau et des camps de Haute-Silésie, qui ne pouvait malheureusement être parmi nous pour des raisons de santé, de l’école juive de Grenoble, des représentants de la communauté juive et des Grenoblois venus nombreux, la mémoire de ces 1,5 millions d’êtres humains exterminés à Auschwitz-Birkenau en raison de leurs croyances religieuses, leurs origines ethniques, leurs idées ou leurs engagements politiques résonnait en écho à ce que nous vivons encore aujourd’hui en France et dans le monde, où des êtres humains meurent pour les mêmes raisons.

A travers la création de ce camp d’extermination il y avait aussi et surtout la tentative d’éradication du peuple juif. Un point de non-retour était dès lors atteint.

La Libération du camp par les soviétiques eut lieu le 27 janvier 1945. Deux jours plus tôt,  quelques dizaines de milliers de déportés furent évacués et obligés à entamer une marche de la mort, épuisés, affamés,  dans un froid glacial.

Nous savons que l’indignité de l’histoire ne suffit pas spontanément à préserver l’humanité du pire. La mémoire est là pour reconstituer, pour régénérer le socle toujours fragile des valeurs humaines et humanistes qu’il faut pouvoir opposer en toutes circonstances à la barbarie.

La mémoire était bien vivante ce matin, forte des symboles qui nous unissent à travers les rites de la République mais aussi des initiatives de ces élèves de l’école juive de Grenoble qui ont souhaité par les mots et le chant s’exprimer contre l’intolérance qui les menace, ou encore de ces jeunes du Lycée Aristide Bergès de Sayssinet-Pariset, venus  avec leur proviseur déposer une rose blanche au pied du monument aux morts.

A Grenoble, Ville surnommée la petite Palestine pour l’accueil de près de 30 000 réfugiés juifs qui fuyaient les persécutions des Allemands et de leurs affidés français,  Ville faite Compagnon de la Libération, un sentiment prévalait ce matin, au-delà du froid et de nos différences, le sentiment que nous partagions  une communauté de destin, dans l’espérance d’une humanité universelle.