« Nous ne jouons pas assez de l’exportation de notre électricité »

Nov 7, 2014 | Actualités, Non classé | 0 commentaires

Audition ce jeudi de François Roussely, président d’honneur d’EDF, devant la commission d’enquête relative aux tarifs de l’électricité.

Après Marcel Boiteux, l’audition de François Roussely était très attendue.
Et la commission n’a pas été déçue de l’intervention claire, argumentée et convaincante de l’ancien président d’EDF.

Sur le plan tarifaire, Francois Roussely a souligné la dimension économique, financière mais aussi sociale de la question.
Pendant longtemps, les tarifs de l’électricité sont restés les plus bas d’Europe (en particulier pendant les 30 glorieuses) contribuant à l’industrialisation de notre pays.
Le prix de l’électricité est demeuré stable, contrairement au fuel ou au gaz (facteur 3).
Les prélèvements sur EDF ont eu des conséquences sur l’entreprise.
Il est impératif que le système tarifaire prenne en compte l’ensemble des coûts. Et faire assumer par EDF une partie des charges des énergies renouvelables n’est pas neutre.

Au plan européen, l’idée de mettre en concurrence le secteur de l’électricité dans le but de baisser les prix s’est révélée être une absurdité, compte-tenu du non-stockage de l’électricité et de la demande d’accès à tous et partout en France de ce service.
La libéralisation de l’électricité ne pouvait être traitée de la même façon que les transports ou même le gaz.
On a eu tort de laisser adopter la directive européenne au lieu d’opter pour une régulation du monopole.

François Roussely a attiré notre attention sur l’exemple allemand qui montre que la sortie du nucléaire, c’est le retour au charbon et au lignite,  contraire aux objectifs de lutte contre le réchauffement climatique.

La politique industrielle se construit dans la durée et ne souffre aucune variation, aucune vibration au gré des idéologies ou des silences politiques.

L’interconnexion des réseaux entre pays européens souhaité (dans son rapport « testament ») par Jacques Delors reste d’actualité. Il conviendrait de l’inscrire dans le programme européen d’investissement de 200 milliards d’euros.

Au cours de l’audition, je suis revenu sur le rapport Gallois de l’automne 2012, pour m’étonner que le 1er chapitre, concernant l’énergie, n’ait pas été suffisamment pris en compte. Nous sommes trop dépendants des hydrocarbures et nous ne jouons pas assez de l’exportation de l’électricité, politique bénéfique pour notre commerce extérieur et pour la maîtrise des tarifs sur le plan intérieur.

Par ailleurs, j’ai souhaité que l’on fasse des analyses comparatives de l’électricité d’origine nucléaire et des énergies renouvelables.
EDF a réussi son pari nucléaire grâce aussi aux investissements du CEA dans la recherche et d’Areva dans l’industrialisation et la commercialisation.
La démonstration n’est toujours pas faite qu’un désengagement du nucléaire serait compensé par une montée en gamme suffisamment rapide et abondante des énergies renouvelables.