Séminaire de travail de la Fondation Jean Jaurès sur la confiance politique, autour de Bruno Cautrès

Mar 15, 2016 | Actualités, Non classé | 0 commentaires

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Gilles Finchelstein, Directeur général de la Fondation Jean Jaurès et Bruno Cautrès, chercheur CNRS au Cevipof

Mardi dernier j’ai participé à un séminaire de travail de la Fondation Jean Jaurès autour de Bruno Cautrès, chercheur CNRS au Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po), qui a présenté et analysé les derniers résultats (vague 7) du baromètre de la confiance politique.
Cette étude, réalisée sur un échantillon de 2064 personnes représentatif de la population française, dévoile les niveaux de la confiance accordée aux acteurs politiques, sociaux et économiques. Année après année, le baromètre a permis de mesurer le niveau préoccupant de l’insatisfaction démocratique et de révéler une certaine défiance envers la politique.

Pour Bruno Cautrès, la perception de la démocratie par les Français doit être analysée au regard des perceptions mesurées dans les autres pays européens. Il précise que la France n’est plus dans le peloton de tête en matière de démocratie, contrairement aux pays du Nord du continent.
Au niveau de la France, on constate que les institutions locales sont mieux prisées en matière démocratique. L’insatisfaction progresse en fonction de la distance du citoyen par rapport aux institutions. Ainsi, le maire d’une commune bénéficie souvent d’un meilleur niveau de satisfaction que le gouvernement, et a fortiori que les institutions européennes.

Même si la revendication d’un homme fort, qui n’aurait pas à se soucier du parlement, progresse de plus en plus, le meilleur système selon les Français demeure tout de même le système démocratique. Certes, ces derniers expriment leurs défiances envers les démocraties (critiquant leurs difficultés à maintenir totalement l’ordre, à faire fonctionner les économies, ou à prendre des décisions) mais, dans une logique presque « churchillienne », ils sont 90% à confirmer leur attachement aux principes de la démocratie et à considérer qu’il s’agit de la meilleure forme de gouvernement. C’est le désordre économique et politique qui est décrié avant tout.

L’étude propose aussi de nombreuses clés de lecture des attentes et des doutes des Français par rapport à la politique :
– Il existe deux grands moments d’observation de la satisfaction ou de l’insatisfaction politique : le moment de « l’élection », plus favorable puisque c’est l’instant des promesses ; et le moment de la « gestion » où les représentants élus risquent de décevoir…
– Selon leur avis sur la démocratie, on peut distinguer plusieurs catégories de Français, ainsi réparties : il y a une moitié de « démocrates insatisfaits », un quart de « démocrates satisfaits » et un quart de « démocrates autoritaires » ou de « non-démocrates ».
– Enfin, on peut constater deux grandes approches de la démocratie : les tenants de la démocratie furtive, qui demandent des résultats sans s’engager et ceux qui prônent une démocratie délibérative. Ces deux tendances s’affrontent, y compris au sein de chaque personne. Dans la première tendance, on retrouve une grande partie des milieux populaires et notamment l’électorat du FN. Dans la deuxième, les milieux plus intellectuels et plus à gauche.

Le constat final est que les Français conservent une forte capacité à s’investir et à se mobiliser pour défendre de grandes causes (on a pu notamment le constater lors de « l’après-Charlie ») tout en étant, dans le même temps, trop souvent déçus ou désillusionnés face à la mise en œuvre de la démocratie. C’est notre devoir, à présent, de redonner confiance et espoir à tous les niveaux !