Audition d’Hervé Le Bras et de Jean-Christophe Dumont sur la situation migratoire

Mar 10, 2016 | Actualités, International | 0 commentaires

Hier a eu lieu, devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale, l’audition d’Hervé Le Bras, directeur de recherche à l’Institut National d’Etudes Démographiques (INED) et de Jean-Christophe Dumont, directeur du département migrations à l’OCDE, sur la situation migratoire.

CAE Le Bras

Hervé Le Bras et Jean-Christophe Dumont à gauche d’Élisabeth Guigou, présidente de la CAE

Pour M. Le Bras, l’histoire migratoire de la France, ne commence pas avec les récents mouvements : elle est marquée par de nombreux flux (réfugiés espagnols, de l’ex-Yougoslavie, du Maghreb, etc.). Il a par ailleurs rappelé que le solde migratoire de la France reste faible : environ 40.000 par an. En parallèle, l’émigration (les français expatriés) est devenue un phénomène nouveau et de plus en plus massif.

Pour M. Dumont, à l’échelle du Monde, la crise récente est d’une ampleur considérable (1,5 millions de demandes d’asile dans les pays de l’OCDE) et entraine des problèmes inédits. Mais, en France, il n’y a pas un véritable afflux, contrairement à l’Allemagne, l’Autriche et la Suède qui connaissent des records historiques.
Le conflit syrien n’est pas la seule source. L’Albanie et l’Afghanistan sont aussi à l’origine de ces flux migratoires. Parmi les migrants, l’on trouve beaucoup de mineurs esseulés, beaucoup de femmes et d’enfants, mais aussi  beaucoup de migrants qualifiés.
Il ne s’agit pas d’une crise humanitaire mais bien d’une crise systémique qui doit et peut être traitée, par la lutte contre les filières illégales et par l’obligation de traitements humains et personnalisés.

Réussir l’intégration des réfugiés est possible si on le fait sur tout le territoire (en tenant compte des logements et emplois potentiels). Il faut savoir qu’en France (en raison des mauvais souvenirs historiques), nous n’avons pas de cartes territoriales de réfugiés, ce qui rend la connaissance de l’intégration plus difficile que dans les pays du Nord de l’Europe par exemple. Il convient aussi de rappeler que l’impact économique de l’accueil reste limité (le coût des prises en charge et emplois consentis représente moins d’1% du PIB en Allemagne) et qu’il est de toute façon difficile d’imaginer qu’il y aura un retour massif des réfugiés dans leurs pays après les conflits qui les avaient fait fuir.

Plus globalement, la croissance démographique s’est ralentie dans le monde et se concentre entre les deux tropiques de l’Afrique. On doit donc réfléchir, à moyen et long terme, à la répartition des populations en fonction de la réalité du monde et non pas selon des présupposés.