ÉDOUARD BORDET, TÉMOIN DE L’ENFER NAZI, À L’HONNEUR

Avr 7, 2019 | Galerie de portraits, Personnalité | 0 commentaires

Certes, la France doute d’elle-même. L’Europe, ce « vieux continent », semble naviguer à vue, davantage orientée par les écueils populistes à éviter que par un véritable projet donnant sens au monde entier.
Dans beaucoup de pays de notre planète, on déplore aspirations à la paix outragées et droits fondamentaux bafoués.
Mais ne l’oublions jamais, la mémoire des violences du passé est aussi celle des promesses fondatrices. Et des promesses tenues.

Maire de Grenoble, les rencontres de la mémoire ont constitué pour moi des moments toujours forts, souvent émouvants. Des moments où l’on se sent immensément redevable de ceux qui ont fait face aux pires épreuves pour nous permettre de vivre libres.

Le magnifique courage opposé par les Grenoblois à la terreur et au crime au long de l’automne sanglant de 1943 a valu à notre ville de recevoir la croix de la Libération des mains du Général de Gaulle le 5 novembre 1944.

Déporté à Buchenwald à la suite de la manifestation patriotique du 11 novembre 1943, Édouard Bordet a vécu l’enfer du camp de Dora où étaient fabriqués les missiles V2. 60.000 déportés de 21 pays y sont passés, transformés en travailleurs forcés. 20.000 y sont morts, la plupart au bout de quelques semaines, des suites des conditions atroces de vie et de travail.
Édouard Bordet prit des risques extrêmes en cherchant à saboter ces missiles qui, lancés sur l’Angleterre et la Belgique, se révélèrent particulièrement meurtriers et dévastateurs.
Le 11 avril 1945, des unités de la IIIe armée américaine libèrent le camp où ils ne découvrent que quelques centaines de détenus vivants, mais dans un état de dégradation physique et moral inimaginable.

Édouard Bordet est revenu chez les siens à Grenoble. Une vie consacrée au travail de mémoire. Il reste l’un des 3 déportés grenoblois encore vivants. Toujours président isérois de la FNDIRP.
Il avait jusqu’alors refusé de recevoir la Légion d’Honneur, répétant « pourquoi moi, qu’ai-je fait de plus que les autres? »
C’est finalement à 94 ans, des mains de mon ami bâtonnier Jean-Michel Detroyat, qu’il a reçu les insignes de chevalier de la Légion d’Honneur, en présence de sa famille, de ses camarades et de ses amis.
Un moment particulièrement émouvant et digne, à l’image de l’hommage remarquable que lui a rendu Jean-Michel Detroyat, qui avait été mon adjoint à la mairie de Grenoble, en charge des relations internationales et du devoir de mémoire.