Il est des vies hors du commun. Celle d’Abba Kovner, fut tumultueuse, tragique et hautement romanesque.
Juif, militant, combattant, poète, sioniste de gauche, leader politique, il aura traversé le 20ème siècle de façon insensée.
À 23 ans, il se retrouve enfermé dans le ghetto de Wilno (Vilnius). Il essaie d’y organiser l’insurrection. Échouant, il s’enfuit par les égouts avec ses camarades de combat pour gagner la forêt où il se forge une image de légende par ses exploits à la tête d’un millier de garçons et filles à peine sortis de l’adolescence.
Il restera le tout premier juif d’Europe à avoir compris, dès 1941, la véritable ampleur du plan d’extermination nazi et à avoir publiquement appelé les siens à prendre les armes, au mépris de l’avis général.
Après guerre, ce jeune héros charismatique venu du grand Est œuvre à l’émigration clandestine des survivants et à la poursuite implacable des responsables nazis jusqu’au procès Eichmann en 1961 où il fut un des grands témoins.
On le retrouve aussî en Israël où il devient l’âme de son kibboutz et contribue en 1947 à fonder la fameuse brigade Givati, au sein de laquelle il participe à la guerre d’indépendance.
Comptant des disciples dans le monde entier, il crée plusieurs musées, dont celui de la Diaspora à Tel-Aviv, et devient un des leaders du Parti des travailleurs (Mapam).
Écrivain, orateur hors pair, il reçut d’innombrables prix littéraires.
Dîna Porat, Chief Historian de Yad Vashem, a magnifiquement retracé la vie
d’Abba Kovner, en dressant un portrait saisissant de cet homme debout, de ce juif qui savait.
À lire passionnément.