C’est toujours avec plaisir que je me rends en Lituanie, la patrie d’origine de ma belle-famille.
Maire de Grenoble, j’avais réussi à jumeler ma ville avec Kaunas, deuxième ville de Lituanie, capitale du pays entre les deux guerres, Vilnius étant alors passée sous la coupe des Polonais. Député, président du groupe d’amitié France-Lituanie à l’Assemblée nationale, j’ai eu l’occasion d’organiser des échanges entre les parlementaires des deux pays. Autant dire que les déplacements en Lituanie se sont multipliés depuis 25 ans, c’est-à-dire depuis l’indépendance de ce pays, après la période soviétique.
C’est Harlem Désir, secrétaire d’Etat en charge des Affaires européennes qui m’a invité à l’accompagner à Vilnius, à l’occasion d’un voyage de préparation de celui de notre Premier Ministre en avril prochain.
Ce fut l’occasion de rencontres avec les ministres lituaniens des Affaires étrangères (Linas Linkevičius) et de l’Energie (Rokas Masiulis) et du président de la commission des Affaires européennes (et ancien Premier Ministre) au Seimas (parlement monocaméral), Gediminas Kirkilas.
La Lituanie est devenue un pays très européen, membre de la zone Euro et de l’espace Schengen. Elle est membre de l’OTAN, rappelant au passage qu’elle souhaite bénéficier de la double protection européenne et atlantique vis-à-vis de son grand voisin russe, qui n’a pas laissé que de bons souvenirs…
Petit pays aujourd’hui (à peine 3 millions d’habitants) par la taille, mais grand pays par l’Histoire : la Lituanie a connu, à ses dépens, de terribles épreuves sous les dominations polonaises, allemandes et soviétiques. Peu de familles en sont sorties indemnes.
Au cours des dernières années, la Lituanie s’est beaucoup développée, avec un taux de croissance soutenu jusqu’à l’an passé et avec un chômage contenu. En matière d’infrastructures, ses principaux enjeux sont l’énergie (pour sortir de la trop forte dépendance avec la Russie concernant l’approvisionnement en gaz) et les transports (et notamment la liaison ferroviaire de Tallinn à Varsovie).
Un échange très intéressant a eu lieu avec les milieux d’affaires franco-lituaniens, révélant le positionnement géostratégique de la Lituanie, notamment vis-à-vis des pays de la Communauté des États indépendants (CEI).
Au plan politique, la grande affaire reste les relations avec la Russie. Toutes les conversations finissent par tourner autour des provocations et des menaces russes, ressenties comme telles par les Lituaniens.
Qu’il s’agisse de la question ukrainienne ou des manœuvres militaires, aériennes ou navales, à proximité des pays baltes, la nervosité, l’irritation et finalement la peur sont toujours perceptibles. Les Lituaniens plaident au sein de l’OTAN pour une plus grande fermeté et une vigilance accrue vis-à-vis de la Russie. Ils demandent à la France et à l’Allemagne de ne pas baisser la garde face à la Russie dans l’application des accords de Minsk.
La France garde une bonne image en Lituanie. Le Français reste la troisième langue étrangère enseignée, après l’anglais et le russe, mais devant l’allemand. La culture française et l’excellence de nos produits sont reconnues et appréciées. La France apparaît comme un partenaire politique majeur contrastant avec une position économique moins flatteuse.
Il importe de maintenir, voire de conforter notre influence dans cette partie de l’Europe. L’Institut Français près de l’ambassade, de même que la résidence française acquise grâce à la bienveillance et à la reconnaissance pour notre pays du président fondateur de la Lituanie actuelle, Vytautas Landsbergis, concourent au rayonnement de la France. On ne saurait y renoncer sous prétexte d’économies, par ailleurs illusoires ou marginales.
Harlem Désir a conduit ces entretiens avec sérieux et compétence, montrant une bonne connaissance des dossiers et menant avec aisance les échanges en anglais. Notre ambassadeur à Vilnius, Philippe Jeantaud, avait très bien préparé ce voyage, nous accueillant avec professionnalisme et grande cordialité.
Au total, deux journées assez denses compte-tenu des temps de vol entre Paris et Vilnius (via Stockholm à l’aller et Francfort au retour), mais deux journées très utiles pour maintenir des liens confiants entre nos 2 pays.
Seule petite escapade au cours du déplacement pour visiter le cimetière où ont été inhumés les corps des soldats de l’armée de Napoléon morts à Vilnius à leur retour de Russie en décembre 1812, ainsi que les victimes des répressions soviétiques du 13 janvier 1991. Avec le ministre français et notre ambassadeur à Vilnius, nous avons déposé devant chaque mémorial une gerbe en souvenir de ces épisodes douloureux.
D’autres photos de ce déplacement :