Petit déjeuner avec Sylvie-Agnès Bermann, ambassadeur de France au Royaume-Uni

Juil 20, 2016 | A l'assemblée, International | 0 commentaires

Madame Bermann, que j’avais connue à Pékin à l’occasion de la mission parlementaire sur la Chine dont j’étais rapporteur, est aujourd’hui ambassadeur de France au Royaume-Uni.
Il était très intéressant d’avoir, tout récemment, un point autorisé sur la situation au Royaume-Uni suite au désarroi lié au Brexit.

Sylvie-Agnès Bermann, ambassadeur de France au Royaume-Uni

Sylvie-Agnès Bermann, ambassadeur de France au Royaume-Uni / DR The Guardian

Madame l’ambassadeur est revenue sur le déroulement de la campagne liée au référendum. Chaque camp s’est appuyé sur des thématiques très différentes : les partisans du maintien ont fait campagne sur les questions économiques (et surtout macro-économiques) alors que ceux du Brexit l’ont fait sur l’immigration (dont le solde net annuel est de 330.000 contre 30.000 en France). Sur ce dernier sujet, la politique « généreuse » d’Angela Merkel a joué en faveur du Brexit.
Les résultats définitifs ont été une réelle surprise. Les sondages, y compris dans la soirée du vote, se sont trompés. Tous les dirigeants ont été frappés de stupeur et très vite une situation chaotique s’est installée. Au fond, personne ne semblait avoir préparé de plan solide pour une réelle sortie de l’Union européenne.

Theresa May, nouvelle Première Ministre, s’impose comme une figure solide, mais les choses ne sont pas réglées au sein de sa famille politique, les conservateurs. On peut faire le même constat concernant les travaillistes.
À l’intérieur du pays, on assiste aussi à des divisions entre générations et régions (en particulier avec l’Ecosse et l’Irlande). S’ajoute à cela une situation économique qui n’est pas bonne et qui laisse présager une croissance négative avec une chute des investissements et un retour de l’inflation.
Concernant les négociations avec l’Union européenne, il n’y a aucun plan sinon une recherche d’accès au marché unique et d’un accord sur l’immigration. Personne ne se risque à évoquer un calendrier clair.  Il était même évoqué que les négociations puissent s’engager avec le Conseil, plutôt qu’avec la Commission, vraisemblablement sur la base du modèle de relation avec la Norvège.
La communauté française au Royaume-Uni est préoccupée pour son avenir. Aussi, Theresa May veut-elle exiger un traité de réciprocité pour la communauté britannique en France.

Pourquoi n’ont-ils pas anticipé ? Parce-que David Cameron était sûr de lui, très bien réélu il y a un an, et que la défaite à Londres (ville multiculturelle) ne représentait pas l’opinion de l’ensemble du pays… Il faut ajouter que Boris Johnson, qui était au fond pour le maintien, a plaidé pour le Brexit pour des raisons de positionnement politicien au sein des Torries.