Comme vous l’avez signalé dans le texte que vous m’avez transmis, le sujet que vous évoquez relève de la compétence en propre du Conseil régional et du Rectorat.
Mais je considère que le sujet mérite notre attention et notre intervention, sans empiéter sur des responsabilités et des compétences qui ne sont pas les nôtres, mais compte-tenu de l’importance de ce sujet pour la Ville de Grenoble.
L’annonce des problèmes de sécurité posés par la dégradation des bâtiments du Lycée Mounier a provoqué un choc et des réactions vives manifestant l’attachement des lycéens, de leurs parents et des enseignants à leur établissement.
Cet attachement légitime, que je partage, s’appuie évidemment sur les interrogations que ces lycéens et leurs familles peuvent se poser sur leur avenir mais aussi sur la qualité des équipes pédagogiques de ce lycée, sur la richesse et la diversité des enseignements proposés. Une qualité maintes fois reconnue et qui se traduit notamment par les bons résultats du Lycée Mounier aux épreuves du baccalauréat.
L’état de dégradation des bâtiments et les conséquences qui en découlent doivent évidemment faire l’objet de débats et d’échanges. Plus précisément, la question du devenir du Lycée Mounier et le projet de construction d’un nouveau lycée doivent faire l’objet d’un travail partenarial entre l’ensemble des parties concernées. C’est ce que j’ai demandé au Président Queyranne qui a répondu positivement à cette demande de travail collectif qui doit réunir évidemment les collectivités mais aussi et surtout les élèves, leurs parents, les enseignants et les personnels du Lycée Mounier.
Je souhaite et j’ai demandé que cette rencontre intervienne très prochainement.
J’ai également demandé que les équipes éducatives et les délégués de parents d’élèves des autres lycées de Grenoble puissent être associés à ces travaux tant le devenir du Lycée Mounier concerne l’ensemble de notre ville.
A l’heure actuelle, je considère donc qu’il est nécessaire de travailler de manière ouverte et large au projet de reconstruction du lycée Mounier.
Dans ce cadre, je souhaite avancer 5 éléments:
1 ) d’abord le maintien d’établissements de taille raisonnable. Mais pour cela, Monsieur Chamussy, le problème n’est pas seulement celui des locaux mais aussi et surtout celui des postes d’enseignants. Je vous invite donc à nous rejoindre pour demander avec nous qu’il soit mis fin aux suppressions répétées de postes d’enseignants. Que vos actes rejoignent donc vos propos. D’un mot, je veux aussi saluer l’engagement de la Région Rhône-Alpes, depuis 2004, dans la mise à niveau des lycées grenoblois. Les travaux réalisés aux Eaux-Claires, à Vaucanson, à Champollion ou encore à Stendhal auraient sans doute dû justifier de votre part une plus grande considération.
2 ) le maillage du territoire de notre ville avec une présence équilibrée des lycées et donc la présence d’un lycée au »centre sud » de la ville
3 ) la prise en compte de ce qui fait du Lycée Mounier un très bon établissement en terme d’accompagnement des élèves, c’est-à-dire une forte mixité scolaire avec de nombreuses filières (en langues étrangères, en sciences, en arts et lettres, en économie et gestion), avec aussi des options rares. Avec enfin une équipe pédagogique remarquable comme l’illustre l’exemple du CLEPT
4 ) l’amélioration de la carte scolaire et de la sectorisation. Sur ce point, le Lycée Mounier pourrait gagner encore sur le plan de la mixité sociale. Puis-je vous rappeler que sur les 5 collèges dont les élèves de Mounier sont originaires, 4 relèvent de l’éducation prioritaire (Vercors, Lucie Aubrac, Saules et Olympique) et que le 5ème collège, Charles Munch est un collège dit intermédiaire.
5 ) la prise en compte enfin du collège de la Villeneuve qui connaît un taux d’évitement important et qui justifie un projet spécifique fort liant le collège et le lycée.
* * *
Pour résumer, je souhaite donc que travaillant sur le projet d’un nouveau lycée, nous puissions travailler aussi sur son implantation géographique, sur la carte scolaire et la sectorisation des collèges ainsi évidemment que sur la situation particulière du collège Lucie Aubrac de la Villeneuve, comme nous le faisons depuis plusieurs mois autour du projet Charpak.
* * *
Pour finir et puisque vous venez à nouveau de rejoindre l’UMP, permettez-moi, Monsieur Chamussy, de vous indiquer qu’en terme d’annonce de droit divin, d’absence de concertation, de mépris, de politique du fait accompli, nous aurions pu souhaiter de votre part une plus grande mesure.
A l’heure où le Gouvernement est confronté à un mouvement social profond, désormais rejoint par les lycéens auxquels la seule réponse apportée l’est par les forces de l’ordre, la formulation de votre question ne manquait effectivement pas de sel !
Dois-je vous rappeler les manifestations de 1986 contre la loi Devaquet, celle de 1995 contre le CIP (le »smic jeunes »), celle de 2006 contre le CPE.
En termes de mouvement lycéen et d’absence de prise en compte des réactions et des attentes de la jeunesse, croyez bien que votre famille politique conserve, Monsieur Chamussy, une confortable avance !