A Grenoble nous avons fait le choix de donner la priorité d’accès aux crèches aux enfants pauvres depuis 2006. Cinq années ont ainsi été nécessaires pour établir l’équilibre sociologique et permettre un accès réellement universel à l’accueil collectif. Nous sommes ainsi parvenus à ce que ces enfants soient autant présents dans les crèches que dans la sociologie grenobloise, soit près de 30%.
Grenoble bénéficie ainsi « d’un service public de la petite enfance » accessible en priorité aux enfants des familles vivant sous le seuil de pauvreté et pour qui aucune autre solution de garde n’est envisageable. Cet accès à un mode de garde collectif est d’autant plus important puisque chacun reconnaît l’importance de la socialisation précoce et de l’accueil collectif dans le développement de l’enfant, en particulier fragile au plan social. Il permet aussi de porter de véritables projets pédagogiques pour l’épanouissement de l’enfant, l’accompagnement des parents, voire la vie du quartier, le lien social, les actions intergénérationnelles. Ce n’est pas un hasard si les crèches sont en liens réguliers avec le réseau des bibliothèques, les musées, les salles de danse et de musique : nous considérons le petit enfant comme une personne et nous entendons lui proposer à la fois une socialisation et une approche sensible du monde, par le goût, la pratique artistique, le développement langagier et corporel. Cette ouverture au monde, particulièrement nécessaire aux enfants des familles précaires, seul un service public de qualité peut l’offrir. A Grenoble, il est le produit d’une histoire municipale forte et constante, partie prenante de notre identité commune.
C’est donc le modèle grenoblois qui va être déployé nationalement, et qui est annoncé par le Premier ministre ce lundi 21 janvier 2013 dans le cadre de la présentation de son plan quinquennal de lutte contre la pauvreté, dont les grandes lignes ont été annoncées en décembre et qui établit que le nombre d’enfants issus de familles pauvres accueillis dans les crèches devra désormais atteindre un minimum de 10 %. En effet, développer l’accès des enfants de familles en situation de précarité à des modes d’accueil collectif était l’une des principales préconisations du groupe de travail consacré à l’enfance, à laquelle des représentants de la Ville de Grenoble étaient associés. C’est par ce biais que l’exemple grenoblois a été retenu.
Voilà donc une mesure audacieuse et réaliste qui apportera un bénéfice inestimable aux enfants pauvres de notre pays, pour l’instant victimes de politiques publiques qui les excluent d’un service public essentiel à leur développement.