Mieux qu’en Europe ? On peut se demander, en effet, si, au moins dans les intentions, l’Afrique ne cherche pas à accorder aux territoires une place et un rôle plus importants dans le développement des pays et du continent. Imagine t-on seulement un tel sommet rassemblant ministres, maires, représentants d’institutions à Paris, Berlin, Londres ou Rome, pour parler décentralisation ?
Et pourtant, qui peut nier ou ignorer le phénomène d’urbanisation qui structure (ou déstabilise quand il n’est pas maîtrisé) le monde entier ? Plus de la moitié de la population mondiale vit aujourd’hui en milieu urbain. Ce sera au moins 70% en 2050. Autant s’en préoccuper pour mieux réguler l’exode rural et éviter les phénomènes d’explosion démographique urbaine qui affectent certains pays émergents ou du tiers-monde.
Sachons dire que les territoires qui en ont les moyens humains et matériels sont, mieux que les entités étatiques, créateurs de richesse, sources de croissance économique et donc de bien être pour les populations. Même en France, pays dont la tradition centralisatrice issue de la consolidation monarchique, de la république jacobine et de la hiérarchie de l’église catholique n’est plus à démontrer, le rapport de forces économique région parisienne / province s’est inversé.
Plus personne n’oserait aujourd’hui parler de Paris et du désert français comme on pouvait le faire pendant les trente glorieuses. Ce sont les grandes agglomérations comme Rennes, Toulouse ou Grenoble qui, avec des taux de croissance supérieurs à 3%, tirent l’économie de la France vers le haut et lui permettent d’éviter la récession.
Sachons rappeler que les collectivités territoriales sont les lieux privilégiés de l’adhésion nécessaire des populations. Depuis Athènes, les villes ont été en particulier des sources de progrès scientifiques, culturels et citoyens pour l’humanité.
Les villes ne font la guerre à personne. Elles accueillent des populations migrantes et développent des politiques multi-culturelles qui sont signes d’universalité et de meilleure compréhension des grands enjeux de nos sociétés (économique, social et environnemental) qui sont tous mondiaux.
Sachons aussi reconnaître qu’il y a quelques conditions à respecter pour assurer une réelle efficacité à la nécessaire décentralisation dans nos pays. D’abord ne pas rechercher de loi universelle en la matière. Il n’y a pas d’uniformité entre continents, pays, régions et villes. Faisons preuve de souplesse et de pragmatisme et ne confondons jamais égalité et égalitarisme.
Ensuite revendiquons pour les gouvernements locaux autonomie et ressources et inscrivons les politiques de décentralisation dans la durée. Nous en sommes en France à l’acte III de la décentralisation et je ne suis pas sûr que nous en resterons là à l’avenir. Je pense qu’il serait plus judicieux de parler positivement en la matière de territorialisation.
Enfin, ne restons pas dans un tête-à-tête exclusif Etat / collectivités locales. Les réseaux de villes dans chaque pays comme la coopération décentralisée au plan international doivent être des moteurs de développement de nos territoires.