Mardi 5 avril, j’étais invité par Edwige Avice, ancienne ministre et ancienne députée de l’Isère, à intervenir comme grand témoin devant des étudiants des Hautes Études Internationales et Politiques (rattachées à la European Business School), sur le thème de la communication politique.
II/ Quelle communication pratiquer pour une grande ville et une assemblée de grandes villes ?
De façon générale, j’ai toujours plaidé pour que la communication politique s’attache à expliquer la politique menée et les actions engagées. Je pense à la méthode utilisée par Pierre Mendès France, alors qu’il était Président du Conseil, faisant chaque semaine à la radio un point sur ce qui venait d’être fait et sur ce qui allait être engagé.
Reconnaissons qu’aujourd’hui, on s’écarte considérablement de ce genre de communication pour multiplier commentaires et petites phrases qui retiennent l’attention des médias sans apporter le plus souvent de vision ni de capacité à entraîner des adhésions collectives.
Contribuer à une vision claire est source de dynamique collective.
Maire de Grenoble, j’ai vite perçu que toute la population pouvait comprendre l’avantage d’une vision large et souvent internationale des politiques économiques ou des politiques d’innovation qui pouvaient être entreprises.
L’arrivée de nouvelles entreprises de haute technologie, les succès en matière de recherche étaient des motifs de fierté dans les milieux populaires au même titre qu’un beau succès sportif.
L’attractivité du territoire à travers un réseau de tramway performant, une offre éducative, culturelle ou sportive reconnue est devenue un élément stratégique partagé du développement d’une grande ville.
Président de l’Association des Maires des Grandes Villes, j’ai tenu à communiquer fortement, en m’appuyant sur les réussites locales, pour montrer que les métropoles en devenir étaient aussi importantes que les régions en constitution pour contribuer au redressement économique et social de la France.
La chaîne de la compétitivité (recherche, innovation, applications industrielles et de services, exportation) est un véritable parcours du combattant au plan national pour les PME, compte-tenu notamment de la segmentation des administrations concernées, alors que cela devient plus aisé au plan régional ou métropolitain.
Sur l’habitat et la politique de la ville, autre exemple, il va de soi que seule l’approche métropolitaine est de nature à relever les défis majeurs qui sont encore devant nous, en poursuivant concrètement un objectif de mixité sociale à l’échelle d’un périmètre large, urbain et péri-urbain.
Sans vision articulant local, national et international, on se condamne à des communications souvent défensives et contradictoires dans le temps. Avec la mondialisation, le temps économique (compétitivité et innovation) comme le temps social (flux migratoires) ne sont plus des temps « localistes ». Et si l’on ne veut pas s’abandonner à un flottement irresponsable qui fait toujours le lit du populisme, il convient de rappeler régulièrement que « sans vision, les peuples meurent ».
C’est dire qu’il faut impérativement privilégier des débats vrais, qui puissent s’engager sur la base de projets clairs.
J’ai toujours été réservé sur le concept de co-construction dite « citoyenne » sans vision à moyen et long terme et – d’ailleurs – sans beaucoup de citoyens. Très vite, faute de matière et d’enjeu, les postures et les dogmes l’emportent sur les argumentations étayées, ne permettant pas des dynamiques populaires qui puissent tirer les territoires vers le haut. Il serait utile, à ce sujet, de s’interroger sur ce que, ailleurs et en d’autres temps, sont devenus les soviets en URSS et la grande révolution culturelle prolétarienne en Chine…
A suivre…
Voir aussi :
I/ Comment un ingénieur de Grande École, chef d’entreprise, transpose son expérience dans le monde politique ?
III/ Pourquoi un livre (« Ma passion pour Grenoble ») pour en parler ?
IV/ Quelles améliorations préconiser aujourd’hui en France en matière de communication politique ?